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Jardin botanique : L’Environnement a bien recommandé la construction d’une Religious Platform au contracteur… 

Nathalie Gopee (PMSD) reproche au maire d’avoir ignoré la demande de la Curepipe Tamil Temples Federation pour la construction d’un mur de soutènement

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  Tout semble indiquer que le projet de ladite plateforme n’a jamais été ratifié au Conseil

Le député Kenny Dhunoo et le maire Hans Marguerite étant incapables d’accorder leurs violons, les zones d’ombre persistent quant à la  nature des travaux entrepis sur la berge du Jardin botanique de Curepipe. Week-End s’est procuré la copie d’une missive datée du 5 octobre 2022, adressée par le ministère de l’Environnement au contracteur A.Jaufeerally Enterprise Ltd, qui révèle que le projet concerne bien une Religious Platform (sic). Lors du Conseil municipal, mardi, l’élue Nathalie Gopee (PMSD) a reproché au maire d’avoir fait fi des recommandations de la Curepipe Tamil Temples Federation qui « voulait uniquement qu’on érige un mur de soutènement along the river with staircase access to facillitate the movement of the devotees and the public during religious ceremonies. »

L’élue bleue a aussi tenté de tirer les vers du nez du maire au sujet de la teneur des réunions du comité des Infrastructures qui attestent que « No decision was taken for the construction of a Religious platform or platform by the Municipal Council. »

Hans Marguerite a beau tenté de réfuter les arguments de Nathalie Gopee, tout semble indiquer que la construction de la Religious Platform n’a jamais été ratifiée au Conseil, à en croire les procès-verbaux.

Le député Kenny Dhunoo n’avait-il pas évoqué une erreur de la part du contracteur relative à l’inscription « Religiously Platform » sur le panneau d’indication, en soutenant que « les travaux concernaient, au fait, un mur de soutènement pour une land stabilisation ? » Or, une lettre adressée au contracteur, le 5 octobre 2022, par le ministère de l’Environnement, indique clairement que «the signboard to pe placed shall include the Construction of Religious Platform as project title.» Ainsi la firme A. Jaufeerally Enterprise Ltd n’a fait que suivre les instructions dudit ministère, quand bien même l’enseigne comportait une faute d’orthographe. Dans la lettre d’instructions, le ministère de l’Environnement recommande en effet au contracteur d’aménager «a footpath in stone pavers, 30m x 2m, is to be constructed to connect the platform to the existing road.»

Il n’a, ainsi, jamais été question de respecter le souhait de la Curepipe Tamil Temples Federation d’ériger un mur de soutènement pour faciliter l’accès à l’espace spirituel inauguré en 2014 pour accueillir les dévots lors des fêtes religieuses ? Lors du conseil, Nathalie Gopee a tabled le courrier adressé par cette fédération au maire, le 20 août 2020: « La fédération n’a jamais fait de demande pour qu’une Religious Platform (sic) en pierre taillée soit construite. Elle voulait juste qu’on construise un stone retaining wall along the river with staircase access to render the place more accessible for devotees. C’était trop demandé ? »

Les débats ont porté sur le rôle de la mairie dans cette affaire et les documents brandis par Nathalie Gopee laissent penser que la mise en œuvre des travaux d’aménagement de ladite plateforme n’a pas été ratifiée par le Conseil. Se confiant à Week-End, le 15 janvier dernier, Hans Marguerite avait pourtant été clair: « Est-ce que je suis à ce point aveugle pour lancer un projet sans le présenter au Conseil ?! ». Sauf que l’ex-mairesse Nathalie Gopee ne l’entendait pas de cette oreille et était bien décidée à prendre à contre-pied les dires de son successeur au fauteuil mairal : «  Je constate, en me basant sur les retombées de la réunion du comité des Infrastructures de la mairie du 17 novembre 2020 et le procès-verbal, que No decision was taken for the construction of a religious platform or platform by the Municipal Council. C’est écrit noir sur blanc. Cet élément a même été transmis dans la foulée au Task Force qui coordonne les travaux dans le cadre de la fête religieuse Thaipoosam Cavadee. »

« Swa ena enn konsey paralel !? »

Sous les regards incrédules du maire et des conseillers de la majorité, Nathalie Gopee a poursuivi son analyse en brandissant le procès-verbal de la réunion suivante du comité des Infrastructures qui s’est tenue le 22 janvier 2021: « Ce jour-là, le comité a uniquement pris connaissance de la proposition d’un site plan pour la construction d’une plateforme longeant la rivière du jardin avec des arrangements effectués pour une visite des officiers du ministère de l’Environnement. Je cite: la commission prend note du document circulé et recommande de convoquer une réunion de travail avec un représentant du ministère de l’Environnement afin de discuter des modalités. Une réunion à laquelle vous avez assisté, Monsieur le maire. Donc, vous êtes à même de confirmer que le comité Infrastructures n’a jamais donné son feu vert pour que ce projet aille de l’avant et soit entériné  par le Conseil. Swa ena enn konsey paralel ki nou pa kone !? »

Bien que décontenancé par les questions et les éléments fournis par l’élue bleue, Hans Marguerite s’est efforcé de démentir les affirmations de cette dernière en soutenant que « la décision de construire un mur de soutènement a bien été validée avant d’être transmise au Conseil municipal, le 29 janvier 2021, pour être ratifiée. » Cette réplique a eu le don d’agacer Nathalie Gopee qui a, alors, invité le maire à consulter lesdits procès-verbaux pour en avoir le cœur net, tout en l’enjoignant d’arrêter d’utiliser le terme « ‘mur de soutènement’ pour qualifier votre projet, car pa sa ki zot pe fer, dapre Curepipe Tamil Temples Federation inn demann zot ! » Affichant une moue dubitative en lisant les documents, Hans Marguerite s’est rangé derrière l’excuse d’une « erreur de frappe ou de saisie » pour justifier les éléments retranscrits dans les procès-verbaux qui attestent bel et bien que « No decision was taken for the construction of a religious platform or platform by the Municipal Council. »

Dans un brouhaha émanant des rangs de l’opposition, le maire s’est alors tourné vers la Chief Executive (CE) de la municipalité pour exiger des explications. Prise au dépourvu, cette dernière s’est emmêlée les pinceaux dans ses explications, avant de subir les remontrances de Hans Marguerite : « Kouma zot inn kapav fer enn erer koumsa !?  Zot inn mal ekrir seki inn valide ! »

« Mettre en exergue les mensonges débités par le pouvoir »

Les réprimandes du Premier magistrat de la ville envers la CE n’ont nullement convaincu Nathalie Gopee qui en a remis une couche : « Monsieur le maire, vous direz ce que vous voudrez, je le répète : le comité a uniquement pris connaissance de la proposition d’un site plan pour la construction d’une plateforme et c’est ce qui a été validée au Conseil. » Sauf que Hans Marguerite a campé sur sa position en lisant un extrait du procès-verbal : « On the 29 January 2021, the Council approved the above decision in its Council meeting. Cet extrait prouve bien que ce projet a obtenu le feu vert de la mairie. » Piqué au vif, Danyel Soucient, également issu des rangs du PMSD, a reproché au maire de « noyer le poisson dans une tentative désespérée de se dédouaner. Les faits sont là. La commission a pris note du document circulé et a recommandé de convoquer une réunion de travail avec un représentant du ministère de l’Environnement, afin de discuter des modalités. Kot inn donn feu vert pou fer proze là ? »

Les débats se sont envenimés lorsque Hans Marguerite a lancé aux membres de l’opposition que « bon, ki ena de mal nou fer enn platform pou dimun fer lapryère. Ca a tout le temps existé, non ? »  Les cinq élus bleus se sont, alors, levés comme un seul homme pour mettre les choses au clair : « Pesez-bien vos mots, Monsieur le maire. Ne tentez pas de faire croire aux citadins que nous sommes en train de protester contre quelconque projet lié à la prière. Ça fait des lustres que le Jardin botanique est investi par des dévots pour des séances de prières pendant les fêtes et nous devons faire en sorte que ça continue. Notre but est de mettre en exergue les mensonges débités par le pouvoir et le maire. Nou pe dir ou kan ena enn proze ki fer lor bann sit ki apartenir à la mairie, ou bizin pass par Conseil. Les choses ont été validées en catimini avec le ministère de l’Environnement pour un projet qui n’avait rien à voir avec la demande de la Curepipe Tamil Temples Federation », a martelé Nathalie Gopee. Les débats ont été tendus jusqu’à la fin.

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