Les citoyens ne lâchent pas l’affaire. Après la levée de boucliers des citoyens qui ont signé la pétition lancée par Géraldine Joulia-Hennequin il y a trois semaines pour faire enlever la « religiously platform » (sic) au Jardin botanique de Curepipe, plusieurs partis politiques ont pris position, dont Rezistans ek Alternativ (ReA), qui a émis un communiqué officiel le 22 janvier dernier pour répondre point par point au ministère de l’Environnement, qui avait émis lui aussi un communiqué officiel une semaine auparavant.
Si les travaux semblaient avoir été temporairement suspendus, quelques citoyens ont noté que des travailleurs ont tout de même été aperçus sur le chantier. En tout cas, après les grosses pluies de vendredi, le site faisait peine à voir (voir photos) et le fameux mur de soutènement pour prévenir les érosions n’avait pas l’air de bien tenir.
Qualifiant la situation de « grave », ReA demande au Premier ministre, Pravind Jugnauth, et au Deputy Prime Minister, Steeve Obeegadoo, d’intervenir pour stopper les travaux au Jardin botanique de Curepipe. ReA s’interroge aussi sur plusieurs points avancés par le ministère de l’Environnement.
« La première question que tout Mauricien doit se poser est : depuis quand un ministère de l’Environnement, de la Gestion des déchets solides et du changement climatique s’occupe-t-il des questions religieuses du pays ? » Pour ReA, cela est inacceptable de la part d’une telle autorité qui se fait « sous-contracteur de la municipalité. »
Reprenant le premier paragraphe du communiqué du ministère, indiquant que « suivant une requête de la mairie de Curepipe, des travaux ont été entrepris au Jardin botanique de Curepipe afin de sécuriser et consolider une plateforme existante se trouvant sur la berge de la rivière du jardin », ReA accuse le ministre Kavy Ramano de « mensonges grotesques. » ReA soutient, comme d’autres ONG qui se sont exprimées plus tôt, qu’il n’existe aucune plateforme existante sur le site concerné.
« An realite “plateforme existante se trouvant sur la berge de la rivière du jardin’” li trouv bien pli lwin. Li trouv lor kote drwat premie pon ki travers Zardin Botanik, kan nou rant depi laport ki trouv lor Larout Jardin. » Concernant l’annonce faite sur la complétion des travaux en février 2023, ReA s’indigne qu’une telle décision ait été prise alors qu’aucun citoyen n’a été informé du début des travaux ou sur la demande d’obtention d’un permis EIA, par exemple.
ReA précise par ailleurs que personne ne conteste l’utilisation du Jardin botanique à des besoins religieux, car les activités religieuses qui y ont lieu sont « circonstancielles et n’ont lieu que pour un ou deux jours », mais que cela n’implique pas la construction d’une structure en béton permanente et exclusive dédiée spécifiquement à une quelconque activité religieuse. Par ailleurs, répondant au paragraphe 6 du communiqué, qui indique qu’« il est convenu suivant la requête de la mairie de Curepipe que les citadins, les visiteurs et les amoureux de la nature pourront aussi profiter de l’espace pour faire du yoga, de la méditation ou autres exercices physiques », ReA crie à la manipulation.
« Li pena kouraz pou dir a-ki sannla sa nouvo lespas-la dedie an premie lie. Nou tenir a fer minis Ramano kone ki personn pa bizin enn striktir betone permanan pou fer yoga, meditasion ek lekzersis. Morisien/nn konn fer yoga, meditasion ek lekzersis ou lezot kitsoz swa lor lerb swa lor nat, nou pa bizin lespas beton misie Ramano ! » En conclusion, ReA soutient que ce qui se passe au Jardin botanique de Curepipe est une forme de « sectorisation de l’espace public et du patrimoine botanique et historique national. C’est le résultat du régime au pouvoir qui doit sa survie politique au clientélisme communal et sectaire… »