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Les pères David et Moura en mission à Agalega : « Mettre fin au plus vite à l’incertitude des habitants »

Le père Michel Moura et son confrère Jacques Henri-David sont des visiteurs habituels de l’archipel. Ils y sont souvent envoyés en mission pour célébrer les messes lors des grandes fêtes catholiques et d’autres événements importants pour les fidèles. C’est ainsi que le père Moura était dans l’archipel en septembre de l’année dernière pour la célébration des 125 ans de la Mission de l’Église catholique à Agalega, tandis que le père David pour Noël et il attend l’arrivée d’un prochain bateau pour rentrer à Maurice.

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Ces deux hommes religieux font part de leurs observations et de leurs impressions par rapport aux changements remarquables dans le paysage, tout en déplorant l’absence d’informations sur l’avenir de l’archipel avec la fin des travaux. Le père Moura connaît Agalega depuis 1992, alors qu’il y était employé au sein de l’Outer Islands Development Corporation (OIDC), soit avant son entrée dans la vie sacerdotale. Depuis cette date, il a gardé des liens affectifs avec l’archipel. De sa dernière visite en septembre dernier, Michel Moura évoque d’emblée la transformation physique de l’île du Nord.

« J’ai connu une île très reposante quand j’étais officier de l’OIDC, et d’ailleurs j’aimais beaucoup faire de la marche. Aujourd’hui, la moitié de l’île du Nord a complètement changé de physionomie, avec les nouvelles constructions, et il y a un grand contraste avec l’île du Sud, où tout semble figé », confie le père Moura. Le père David le rejoint s’agissant de cette différence saisissante entre la zone de développement et le reste de l’archipel. « Dès qu’on traverse le village La Fourche, on constate que tout est pareil dans le reste de l’île du Nord. L’île du Sud est toujours couverte de végétation, et on ne ressent aucun changement là-bas », relève le père David.

Les deux hommes d’Église, qui connaissent les besoins des habitants, admettent qu’il y avait nécessité d’avoir une nouvelle piste d’atterrissage et une nouvelle jetée aux normes de sécurité, et qui permettraient d’enclencher d’autres projets pour le développement de l’archipel. S’ils sont heureux pour les habitants avec la concrétisation de ces deux projets, ils ont néanmoins un sentiment mitigé quant à la dimension de ces nouvelles structures.

« On n’a pas besoin d’infrastructures aussi massives et qui sont démesurées par rapport au petit nombre d’habitants dans l’archipel et aux besoins futurs de la population ! » avance Michel Moura. « C’est vrai que par rapport à la superficie totale, la grandeur de la piste est frappante, et les Agaléens sont en admiration devant ces réalisations. Reste à savoir si ce développement infrastructurel résoudra tous leurs problèmes », se demande Jacques-Henri David. Ils font état des sentiments d’incertitude et d’anxiété au sein de la population. « C’est l’attente et l’angoisse », dit le père Moura. « Les gens se posent des questions sur leur avenir et, valeur du jour, personne ne sait ce qu’il y aura devant », poursuit-il.

Ils avouent qu’ils sont impuissants devant les nombreux « Où on va maintenant ? » entendus presque en boucle. « Comme eux, je ne sais pas ce qui se passera à Agalega après la mise en opération de la nouvelle piste d’atterrissage. On ne connaît pas les intentions du gouvernement par rapport à l’utilisation de cette piste. Pour le moment, nous sommes tous dans l’inconnu, et les habitants vivent au jour le jour. Et tant qu’on ne sait pas où on va, on ne peut élaborer de grands projets », ajoute le père David sur un ton désolé.

Et pourtant, selon les deux membres du clergé, ce ne sont pas les idées intéressantes et les bonnes intentions qui manquent pour développer de petits projets dans l’archipel, allant dans le sens de l’écotourisme, de même que des propositions attrayantes concernant la formation et l’emploi des jeunes. « Il faut impérativement préparer les jeunes Agaléens en vue de leur avenir professionnel et pour qu’ils soient des citoyens responsables. Mais cette formation doit se faire sur place, car elle doit être en phase avec les réalités de l’archipel », soulignent-ils.

Les pères Moura et David souhaitent que le gouvernement balaie au plus vite les angoisses et le stress des habitants à Agalega en leur donnant des éléments de réponse concrèts sur l’avenir de ces îles, mais aussi sur l’avenir des habitants sur leurs îles natales.

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