Jasmine Toulouse est la coordinatrice sociale d’Eco-Sud. Le-Mauricien l’a approchée pour faire un bilan de l’action de son ONG qui se dévoue à la cause environnementale.
Vous êtes la coordinatrice d’Eco-Sud. Votre ONG a été sollicitée en 2020 après le premier confinement. Racontez-nous comment cela s’est passé ?
En mai 2020, le premier confinement lié au Covid-19 a mis en évidence la fragilité du système alimentaire à Maurice et notre forte dépendance aux importations. Face à cette situation qui entraîne une crise économique et alimentaire, Eco-Sud initie le projet Resilient Organic Community (ROC) qui a pour but de se pencher sur les questions de sécurité et de souveraineté alimentaire, de renforcement des capacités et de promotion des moyens de subsistance alternatifs pour les communautés de la côte du sud-est.
Et le naufrage du Wakashio en juillet 2020 n’a pas facilité votre tâche ?
Effectivement, le naufrage du MV Wakashio en juillet 2020 a fragilisé encore plus les communautés du Sud-est qui ont des activités économiques dépendantes de la mer. Il était urgent d’agir et de trouver des solutions durables.
Le projet ROC prend alors une nouvelle dimension au cœur de la résidence Ville-Noire, Mahébourg. Ainsi en 2020, Eco-Sud commence l’aménagement d’un centre agro-écologique. Et en 2021, Laboutik Solider de ROC en collaboration avec Caritas Mahébourg et Mahébourg Espoir ouvre ses portes.
Le naufrage du MV Wakashio et les deux confinements liés au Covid-19 ont doublement affecté les familles du Sud-Est. Nous avons constaté depuis que de nombreuses familles ont des difficultés à avoir accès à la nourriture de base. Certaines, endettées, ne peuvent plus honorer leurs mensualités.
D’où l’idée d’ouvrir Laboutik Solider ?
Laboutik Solider a pour mission de venir en aide aux familles en situation de vulnérabilité via l’accès à un soutien alimentaire. Aussi les “social workers” de différentes associations partenaires s’efforcent de soutenir les familles à différents niveaux.
Eco-Sud bénéficie aussi du soutien de l’Action familiale qui, via son programme d’accompagnement des familles et des jeunes, se met au service des communautés afin de renforcer leurs capacités. Et à partir du projet ROC, les familles reçoivent aussi une formation qui leur permet de se reconnecter à la terre. La mobilisation d’Eco-Sud pour s’attaquer à la question de sécurité alimentaire passe stratégiquement par l’agroécologie et les communautés.
Vous avez subvenu aux besoins de combien de familles ?
De mai 2021 à ce jour, nous avons pu soutenir 120 familles. Chaque six mois, 30 nouvelles familles sont inscrites à Laboutik Solider par le truchement des social workers. Ces familles en difficulté économique ont ainsi accès à des produits alimentaires et d’hygiène à moindre coût pendant six mois. Elles contribuent 1⁄3 de leur panier. Ces six mois représentent un répit, un soulagement pour elles. Cela leur permet de payer les factures, de mieux manger ou de commencer un projet.
Je dois dire que cette année a été dure pour de nombreuses familles et 2023 ne s’annonce pas meilleure pour les familles en situation de vulnérabilité. Nous sommes inquiets de cette situation car beaucoup de familles ne peuvent plus se nourrir proprement. Bien manger rime avec bonne santé car beaucoup de familles mauriciennes ne mangent pas à leur faim.
Nous faisons ce que nous pouvons pour aider les personnes dans la région mais nous ne pouvons pas agir seuls. Nous avons besoin de financement pour maintenir Laboutik Solider afin de soutenir ces familles. Pour 2023, nous souhaitons force et courage aux familles mauriciennes.