Le député du Parti travailliste de Grand-Baie/Poudre-d’Or (No 6), Mahend Gungapersad, livre son analyse sur la situation prévalant dans le système éducatif du pays, qualifiant d’échec la réforme de la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Dookun-Luchoomun qui, selon lui, a vendu des rêves aux parents. Il aborde également le volet politique après trois ans de ce présent mandat et l’avenir pour les Rouges sur l’échiquier.
Quelle est votre lecture des récents résultats du National Certificate of Education, avec notamment une baisse de six points du taux de réussite ?
La baisse du pourcentage au niveau du NCE n’est que le Tip of the Iceberg pour illustrer le mal qui ronge le système dans son ensemble. On avait vendu le rêve d’une réforme magique qui allait aider à corriger tous les maux qui gangrènent le système. On fait face à la réalité maintenant. On avait voulu faire croire que ce gouvernement avait la formule magique qui allait tout résoudre.
La réforme Dookun avait vendu un rêve aux parents qui l’ont cru au début, bien que les pédagogues avertis aient tiré la sonnette d’alarme à maintes reprises sur les multiples manquements de cette réforme. Entre autres, il y a eu l’absence de monitoring, l’absence de consultations avec les partenaires, le manque de prévoyance, le manque d’évaluation formative et surtout l’arrogance à la tête du ministère faisant fi des multiples appels à la concertation et qui nous ont conduits à cette situation.
On voyait venir cette contre-performance. Déjà le Mid-Term Evaluation Report de la Banque Mondiale en juin 2020 était très critique et avait signalé que la pédagogie, le mode d’enseignement et les outils pédagogiques n’étaient pas adaptés pour ceux qui n’ont pas même les Basic Literacy and Numeracy Competencies pour continuer sur le sinueux parcours académique.
Et qu’est-ce que Madame la ministre a fait ? Elle fait la sourde oreille. Est-ce qu’on peut savoir combien d’élèves de l’Extended Stream ont pris part aux examens du NCE ? Combien ont réussi ? Combien ont échoué ? La directrice de la MES parle d’une bonne performance des élèves de l’Extended Stream dans certaines matières mais ne donne pas de détails précis. Pourquoi ?
J’ai fait mon Home Work, et dans les SSS qui se trouvent aux alentours de Goodlands, je peux vous dire que le taux d’échec au NCE pour l’Extended Stream tourne au-delà de 95%. Imaginez le taux d’échec pour les collèges privés alors.
Pour moi, ce ne sont pas les élèves de l’Extended Stream qui ont échoué, c’est la réforme de Leela Devi Dookun-Luchoomun qui a échoué. C’est Madame la ministre qui a failli lamentablement de s’occuper de nos enfants, de leur développement et de leur préparation à l’avenir. You have failed Minister. Vous imaginez que 5 676 élèves ont échoué, c’est-à-dire 34,6% de nos enfants sont en situation d’échec scolaire déjà.
Ce pourcentage ne parle pas de la vraie qualité de réussite des autres, 65.4% des élèves car seulement 667 élèves ont eu un Aggregate de 8. On ne peut pas dire aux enfants qui n’ont pas réussi leur PSAC de prendre la NCE au bout de quatre ans. Ces enfants auraient dû avoir un cursus et un programme adapté à leurs besoins.
La VPM Leela Devi Dookun-Luchoomun clame que les places sont limitées dans les établissements qui accueillent les High Performers. Quel est votre constat à ce stade pour la rentrée 2023 ?
Qui doit penser à résoudre le problème de Demand and Supply pour les établissements qui accueillent les High Performers. Vous savez à quel point les parents et les enfants sont en colère avec l’attribution des collèges pour les besoins d’admission.
Est-ce que les allocations des collèges dépendent des résultats, oui ou non ? Si ça dépend des résultats, où est la transparence ? Comment dire à un enfant qui a eu quatre unités et qu’il n’est pas éligible pour tel ou tel collège ? Est-ce qu’il y a une forme déguisée de Ranking, oui ou non ?
Aujourd’hui, c’est le stress après le PSAC car on ne sait pas sur quels critères on va obtenir un collège de son choix. Et le stress revient après les résultats du NCE car on ne comprend pas. Il faut très vite rendre l’attribution des collèges transparente et Foolproof.
Comment le faire ? Il faut y songer. Au fait, les places ne sont pas limitées, on a limité les places. La Rat Race pour les bons établissements n’est pas estompée avec cette réforme. Nous avons 52 collèges d’Etat qui recrutent les élèves au niveau du Grade 7.
Aussi longtemps que le niveau des infrastructures, le niveau de l’encadrement, le niveau de Teaching and Learning, le niveau de la School Culture ne seront pas revus, les parents et les élèves ont le droit légitime de chercher les meilleurs parmi ces établissements. À un certain moment, les collèges régionaux avaient déjà établi leur réputation, ils l’ont prouvé par les excellents résultats obtenus dans divers examens, et là je parle des collèges d’Etat et des collèges privés.
On a démantelé le Goodwill acquis par le dur labeur pour faire de nos enfants des cobayes d’une réforme qui ne tient pas la route. On a démantelé les meilleurs collèges d’Etat pour les convertir en des académies restrictives d’accès. Pourquoi seulement 12 académies ? Les collèges comme Jugdambi SSS, RTSS, MGSS Flacq, Moka, Solférino, Piton SSS, Sodnac SSS, Bon-Accueil SSS, et même Saint-Esprit, Couvent Lorette de Quatre Bornes, Saint-Joseph, Modern College et autres doivent être parmi les académies, si le concept tel que le préconise la ministre Dookun, doit être maintenu. Au moins six à huit académies dans chaque zone auraient dans un premier temps résolu beaucoup de problèmes.
Croyez-vous que la transformation du secteur éducatif, comme l’envisage le gouvernement depuis 2016, est en train de rehausser le niveau à Maurice ?
Non, non, non. Attention qu’ils ne viennent pas dire qu’ils ont rehaussé le niveau avec leurs explications bidon. Les pédagogues avertis sont unanimes à dire que le niveau a chuté drastiquement. Est-ce que l’élève mauricien est mieux loti aujourd’hui qu’auparavant ou c’est plus ou moins « du pareil au même ».
Ils sont nombreux les observateurs indépendants qui vous diront qu’il y a eu un nivellement par le bas et que cet abaissement n’a rien à voir avec les difficultés transitoires durant la pandémie car il était déjà en germe dans la réforme Dookun. Nombreux sont les enseignants, inspecteurs, maîtres d’école, Markers aux examens, officiers du MES et autres qui se plaignent, surtout en tant que parents, que le système « is going to the dogs » depuis 2016.
L’analyse de la qualité de l’éducation ne doit pas se baser que sur des pourcentages de taux de réussite. La qualité de l’éducation sera rehaussée lorsque l’apprenant deviendra une personne instruite, imprégnée des valeurs humaines, un citoyen responsable et un atout pour la société. Et quelqu’un qui puisse faire face aux défis de la vie. Réussite académique ou réussir dans la quête d’un avenir professionnel technique ne doit pas se limiter qu’à l’obtention des certificats.
Aristote disait : « Educating the mind without educating the heart is no education at all. » Est-ce qu’on est en train de mettre les structures pour la 21st Century Education en terme d’outils pédagogiques ? Il y a tout un chantier à travailler dans le secteur éducatif qui souffre d’un manque aigu de leadership, de dynamisme et d’une volonté réelle pour pousser nos enfants vers le haut de leurs compétences.
Je crois que la ministre ne cerne pas assez ce secteur et pourtant on avait cru à un certain moment qu’elle allait réussir. Son échec résonne très fort sur toute une nation. Voyez le nombre des parents qui délaissent les écoles publiques pour faire inscrire leurs enfants dans des institutions privées payantes. Posez-vous la question : pourquoi il y a une telle situation ? Ces parents frustrés sont vraiment en colère et attendent le jour et l’heure pour donner la note, salée je crois, à ce gouvernement et à la ministre.
Après les perturbations dues au Covid-19, les élèves de tous les niveaux sont-ils réellement Back on Track dans leurs études ?
J’ai toujours maintenu que la ministre faisait fausse route en modifiant le calendrier scolaire. Après avoir tergiversé, finalement, le bon sens a prévalu et elle est revenue sur le calendrier qui nous convient à nous tous. Avant d’arriver On Track, elle a fait souffrir des milliers des familles qui ne se retrouvaient pas dans ces calendriers mal adaptés.
Maurice est le seul pays au monde où la ministre de l’Éducation a fait basculer l’avenir de milliers des enfants. Les séquelles se feront sentir plusieurs années encore. En essayant le Trial and Error, la ministre s’est contentée des Errors and Errors.
Comment ses conseillers ont-ils pu applaudir ses démarches ? Cela m’interpelle sur leur niveau. Avons-nous tiré les leçons qu’ils allaient avec les expériences vécues dues au Covid-19 ? Est-ce qu’on va contempler l’idée d’utiliser les nouvelles technologies pour davantage aider les élèves ? Est-ce qu’on va combler le fossé entre les enfants qui ont et ceux qui n’ont pas les moyens de se payer des outils pédagogiques nécessaires pour une éducation adaptée à ce nouvel ordre mondial ?
Quelles sont les difficultés, selon vous, des enseignants dans cette conjoncture de réforme du système éducatif ?
Les enseignants ne sont pas consultés quand il le faut. Ils ont un réservoir de connaissances acquises sur le terrain. Au lieu de se fier à quelques experts qu’on nomme des Special Advisers, il faut écouter les vrais Foot Soldiers du secteur, les professeurs, les maîtres d’école, les parents, les chercheurs, entre autres, pour travailler sur un cahier de charges.
Mais ici on fonctionne à l’inverse. Même mes amis de la MIE me disent qu’ils ne sont pas assez consultés, surtout pas par cette ministre-là. Elle n’écoute qu’un groupe de privilégiés. Elle va jusqu’à recruter des retraités au lieu de donner la chance à ceux qui sont dans les établissements, ce qui aurait pu lui éviter bien des tracas.
Imaginez-vous que c’est le Covid-19 qui nous a démontré à quel point la formation de nos enseignants dans le domaine technologique était mal au point ? Il faut valoriser le statut des enseignants, tous les enseignants, qu’ils soient du pré-primaire, primaire ou secondaire, qu’ils travaillent dans les écoles privées ou dans des écoles publiques. D’ailleurs, Navin Ramgoolam a pris l’engagement de revoir les salaires et le statut des enseignants.
Quel regard jetez-vous sur le secteur des Special Education Needs et le rôle que mène la Special Education Needs Authority ?
J’ai l’impression qu’il fallait nommer des Blue-Eyed Boys au sein de la SENA. Allez voir qui sont ceux qui dirigent cette institution-là ? Le secteur SEN a besoin de gens qui comprennent ce secteur, qui ont le cœur pour les enfants qui viennent vers eux. Qu’est-ce qu’on a vu ? Des abus sur ces enfants-là.
Je suis en contact avec plusieurs institutions qui dispensent des cours dans le secteur du SEN. Ils se plaignent du manque de moyens et de considération. Qu’est-ce qu’on fait avec tous ceux qui atteignent l’âge de 18 ans ? Comment est-ce que l’État mauricien s’occupe de tous ceux qui fréquentent ces centres ? La formation continue, l’expertise internationale, le financement, la révision du programme adaptée aux besoins de ces apprenants-là sont autant de pistes qu’il faut labourer davantage.
On ne peut pas faire voyager un enfant qui habite à Roche-Terre pour aller dans une école qui se trouve au-delà de Port-Louis. Il faut revoir comment attribuer un Carer pour certains enfants en difficultés. Est-ce qu’on forme les parents ou les membres de la famille pour mieux aider tous ceux qui souffrent d’un handicap ?
Je salue le travail abattu par le professeur Parsuramen et son organisation, la Global Rainbow Foundation. Je salue toutes les personnes qui se donnent à fond pour nos enfants qui se trouvent en situation de handicap. Inclusive and Equitable Education vont être de vains mots si on ne se donne pas les moyens à nos nobles ambitions.
Quelle est votre appréciation de ce qui se passe du côté de l’enseignement supérieur à Maurice et à l’université de Maurice ?
On n’entend pas assez les universitaires à l’exception de quelques-uns. Les intellectuels mauriciens préfèrent se taire et c’est dommage pour une démocratie, c’est dommage lorsque l’intelligentsia ne s’implique pas assez.
Les recherches vont souvent atterrir dans des tiroirs et les Findings ne sont pas appliquées. La culture de recherche n’est pas assez rodée chez nous. Nous avons beaucoup de ténors dans nos universités, beaucoup de têtes pensantes qui ont beaucoup de potentiel sous-utilisé à cause d’une mauvaise politique dans l’enseignement supérieur.
Il faut réveiller les Sleeping Giants et pour le faire il faut quelqu’un qui comprenne l’importance de ce secteur dans le Social Engineering, dans la préparation d’une société résiliente face aux multiples défis d’aujourd’hui et demain.
J’ai récemment participé à une conférence internationale organisée par l’UPSEE et présidée par le Pr Chinnapa mais les représentants du ministère ont brillé par leur absence. Il faut écouter les chercheurs dans le domaine de l’éducation, il faut donner les moyens aux universités de faire avancer le pays.
Moi, j’ai connu trois universités comme étudiant, Delhi, Leicester et Brighton, et croyez-moi, chacune de ces universités m’a permis de me hisser un peu plus vers le haut.
Les universités doivent s’impliquer davantage dans le processus de Nation Building, Policy Formulation, et d’être les Informal Advisors du gouvernement parce qu’ils représentent les Best Brains of the Island. J’insisterai pour qu’on ne fasse pas de concession sur la Quality Assurance pour les universités, que cela soit pour le recrutement, la promotion, le teaching and learning, et l’accréditation des cours, ainsi de suite. On doit être at par with the best in the world.
Cela fait trois ans depuis que vous avez été élu pour représenter les mandats du No 6. Quel est votre constat sur le terrain politique ?
Je serai toujours reconnaissant envers mes mandants. J’aime la façon dont ils me traitent comme enn zanfan landrwa . Les gens ont réalisé qu’ils ont été leurrés, kouyone et ils regrettent amèrement leur choix.
La drogue, la pauvreté, le problème d’eau potable, le manque d’infrastructures, les promesses non tenues, les nombreux scandales politico-financiers et l’arrogance de ce gouvernement ont exaspéré les mandants. Ils attendent le moment opportun pour demander des comptes aux représentants de ce gouvernement.
La politique get figir, dominer et transfer dimoun brit brit, pour la distribution d’eau potable, pour le recrutement, pour les fonctions sociales, les difficultés d’obtenir des permis pour divers besoins, et la politisation outrancière de toutes les activités sociales et religieuses sont parmi les choses qui agacent les gens.
Qu’en est-il de votre rôle de parlementaire ?
Trois ans maintenant que je suis parlementaire grâce à mes mandants de la circonscription No 6. J’assume mon rôle avec beaucoup d’amour et d’humilité. La circonscription no 6 est l’enfant pauvre du développement. Malgré que certains au gouvernement n’apprécient pas que j’aie l’habitude de belo roti, je suis toujours à l’écoute de mes mandants. J’ai fait entendre ma voix sur différents textes de loi, et parfois j’ai préféré ne pas poser de question à l’ancien ministre Sawmynaden. Et je n’ai pas hésité pas à hurler haut et fort au Premier Ministre le mot Cheap lorsqu’il s’est conduit ainsi même au risque de me faire Named et expulsé.
Je suis dicté par mes convictions et principes et je ne vais pas me laisser faire là-dessus. Je laisse le soin aux autres de me juger. Mais à chaque fois que j’ai l’occasion d’intervenir, c’est pour mes mandants qui me sollicitent ou pour les causes d’intérêt national.
Après deux défaites électorales consécutives avec Navin Ramgoolam à la tête du parti, est-ce que cela vaut le coup de le présenter comme le challenger du MSM de Pravind Jugnauth pour diriger une nouvelle fois le pays ?
Oui, car il est le seul qu’on peut présenter comme challenger. Il a les qualités et l’expérience qu’il faut pour mater le MSM et Lakwizinn. Malgré toutes les campagnes mensongères pour dénigrer Ramgoolam, pour mettre tous les péchés d’Israël sur son dos, il reste le leader incontesté et incontestable du PTr. Le pays a besoin de sa sagesse, de sa vision pour sortir du gouffre. Il est clair que Navin donne des sueurs froides à Pravind.
On parle peu des qualités de Navin. On ne parle pas de ses réalisations, on ne parle que de ses défauts. Mais que celui qui n’a pas de défaut soit le premier à lui jeter la première pierre ! Combien sont-ils à pouvoir rivaliser d’érudition avec Navin ? On a bon essayé de noircir la personne mais l’homme a toujours émergé au-delà. Il est un rassembleur, une attribution qu’on ne donnera jamais à Pravind. Il est humaniste et il a le charisme, que Pravind enviera toujours. Malgré les multiples charges provisionnelles, malgré les attaques, malgré les soucis de santé, malgré les campagnes de dénigrement, Navin reste et demeure celui qui va délivrer ce pays de Lakwizinn mafieuse.
Le MSM, paraît-il, consoliderait ses ancrages dans les régions rurales. Est-ce vraiment le cas que le MSM est bien parti pour une nouvelle fois rafler les circonscriptions 4 à 14 ?
Bonne question. Je suis issu de 4 à 14, et je suis fier d’être un candidat élu de la circonscription no 6. Que veut dire consolider « les ancrages dans les régions rurales » ? Faire croire aux villageois que tout est au mieux dans le meilleur de monde, qu’il y a un Feel Good Factor artificiel.
Vous croyez que les gens de 4 à 14 ne subissent pas les incompétences de ce gouvernement ? Vous croyez qu’ils ne souffrent pas de la cherté du coût de la vie ? Vous croyez qu’ils vont cautionner ceux qui lapident les biens de ce pays ? Vous croyez qu’ils ne savent pas faire la différence entre le dharma et l’adharma, le bien et le mal ?
Les gens, en général, en ont marre du MSM. Ils sont nombreux les fervents partisans du MSM qui ne se retrouvent plus dans ce parti dirigé par le petit Jugnauth. Ils ont honte du petit lorsqu’il ose traîner le nom de Veena Ramgoolam au Parlement, ils ont honte en écoutant les diatribes de bas étage du leader du MSM au Parlement et dans les rassemblements publics. Ne croyez pas que les électeurs de 4 à 14 sont dupes des petitesses du petit Jugnauth. L’arrogance de ce dernier et de Lawizinn n’échappera pas à l’ire de ce peuple en temps et lieu.
Moi je crois que le MSM va jongler avec des millions et des millions pour les élections mais on me chuchote à l’oreille, pa per ou, mem avek zot larzan, zot pa pou kapav aste nou konsians . Dans certaines circonscriptions, les élus éprouvent des difficultés à sillonner certains quartiers et régions qu’ils ont négligés – ils n’ont pas tenu leurs promesses.
Une fois l’Assemblée nationale dissoute, vous allez voir comment les gens vont jubiler. Imaginez-vous que des centaines de personnes, pas seulement des fonctionnaires, même le citoyen lambda, vous disent gagn per avek sa gouvernman la, si li pa kontan ou, li fini ou, li detrir ou, li ramas ou ek tel ou tel sarz.
Les gens ont peur de s’afficher sur Facebook. Ils savent qu’ils sont constamment surveillés. Ce régime a fait basculer les fondements de la démocratie.
Le PTr est visiblement en discussion pour une potentielle alliance électorale avec le MMM et le PMSD ? Croyez-vous qu’un tel alignement soit possible ?
Alliance ou pas, il y a certes une certitude qui se dégage dans l’opinion publique, il faut tout faire pour que ce présent régime parte au plus vite. Chaque jour additionnel est une pénitence, une souffrance pour le peuple. Le modèle économique, le modèle de gestion des affaires publiques, le modèle de société, préconisés par ce gouvernement sont crapuleux, antidémocratiques, antisociaux, aux dépens de certains.
Oui, il faut une grande alliance, surtout avec le peuple, qui soit au diapason avec les attentes des uns et des autres. Oui, il faut mettre de côté notre ego pour travailler pour le bien-être de notre avenir commun. Oui, il faut croire dans un ralliement de nos forces.
Une opposition dispersée est dans l’intérêt d’une seule personne, celui de Pravind Jugnauth. Navin, qui est le rassembleur, a vu juste. Navin, le patriote, a un devoir vis-à-vis de l‘histoire de ce pays-là. Les yeux sont rivés sur lui, ce qu’il va faire pour apporter le salut tant attendu, la délivrance contre tous les excès de ce présent gouvernement. L’attente de la population est grande et je suis convaincu qu’il saura relever le défi avec brio.
Et remporter éventuellement les prochaines élections ?
Oui, en conjuguant nos forces, en surmontant nos faiblesses, en cherchant les points communs qui nous rallient, on peut penser à un programme commun pour une opposition unie pour diriger ce pays. Le pays ne peut être dirigé par Lakwizinn. Il faut sauver notre pays des affairistes et des ripoux. Les compétences ne manquent pas, les joueurs sont là – une grande sélection de l’équipe de l’opposition saura mater les Money et Ethnic Politics de ce gouvernement qui est prêt à tout pour retenir le pouvoir, même si les moyens sont malsains et malveillants.
La population a goûté le régime des Jugnauth. Le meurtre de Kistnen, les arrestations arbitraires, le rétrécissement de l’espace démocratique, que ce soit pour les médias ou pour les réseaux sociaux. On se rappelle bien leur intention d’introduire le Prosecution Commission Bill.
Le gouvernement Jugnauth a traumatisé ce peuple. La population réalise que c’est un gouvernement qui vous donne Rs 1000 d’une main pour dévider non seulement votre porte-monnaie, mais va jusqu’à hypothéquer l’avenir de vos petits-enfants, qui n’hésite pas à ‘cambrioler’ les réserves de la banque centrale, qui ne soucie pas de la forte dépréciation de notre roupie.
Le PTr se prépare-t-il pour l’après-Ramgoolam ? Êtes-vous dans la course pour possiblement être le leader du PTr un jour ?
La couronne conviendra à la tête qui la mérite. Je parodie Shakespeare. Pour l’instant, je veux m’investir dans une seule course, celle de mettre toute mon énergie pour faire partir ce présent régime mafieux. Ce que nous réserve demain dépendra beaucoup du cheminement individuel et collectif du parti.
Laissons le futur au futur. Pour l’instant, nous avons un leader charismatique qui dirige le parti avec brio. Le PTr est un incubateur permanent de talent et il ne manquera pas de potentiels leaders pour tenir le flambeau du parti et faire honneur aux nombreux tribuns que l’on a connus.
Propos recueillis par Yaasin Pohrun