Alors que l’affaire Kistnen est revenue en force dans l’actualité, avec « la divulgation des conclusions du magistrat de la Cour de district de Moka, Vidya Mungroo-Jugurnath » et la reprise des travaux parlementaires après les vacances d’hiver, le bureau du DPP résiste avec honneur contre une attaque destinée à remettre en cause son indépendance.
La divulgation de ce qui a été présenté comme les conclusions de l’enquête sur l’affaire Kistnen avait en effet créé l’émoi dans le pays et avait écorné sérieusement la compétence des enquêteurs de la police. Ce qui avait amené le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, ainsi que ses partenaires de la Plateforme de l’Espoir à dire que la confiance dans les enquêteurs s’est envolée. Les mêmes sentiments avaient été exprimés par les autres forces de l’opposition, dont Roshi Bhadain, et les forces vives.
Le problème, c’est que les principaux porte-parole du gouvernement, dont l’Attorney General, n’ont rien trouvé d’autre comme argument que de rappeler que seul le bureau du DPP et le commissaire de police étaient en possession de ce rapport. Tenant en compte la confiance gouvernementale en la police, la tentative de jeter le doute sur le DPP était évidente. La réaction du DPP concernant « the disclosure of the findings of the District Magistrate of Moka », dans le but de déjouer les insinuations suggérées contre lui, a été directe et claire. « The DPP takes strong exception to any insinuation that any criminal offence may have been committed by any officer of the Office of the DPP (ODPP), who would allegedly be subjected to a police enquiry and to possible disciplinary proceedings.
A Judicial Inquiry into the death of late Soopramanien Kistnen was ordered by the DPP and was duly held in public before the District Court of Moka. Upon receipt of the Learned Magistrate’s findings, the DPP has, on the 26th of January 2022, advised the Commissioner of Police to carry out an in-depth enquiry, in line with all of the Learned Magistrate’s recommendations. The ODPP remains focused on the urgency of the completion of the police enquiry to identify, once and for all, those responsible for the death of late Soopramanien Kistnen which occurred two years ago, with a view to bringing them to justice. »
En gros, le DPP rappelle que c’est lui qui a ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire, comme confirmé par le Premier ministre au Parlement. Il rappelle également sa volonté de rechercher la vérité et de porter les coupables devant la justice. Plus loin, dans sa réponse, il souligne qu’il est habilité à rendre publiques les conclusions concernées au moment qu’il jugerait approprié.
Il est réconfortant de constater que le bureau du DPP et le judiciaire sont les rares institutions à refuser de se courber devant la puissance du pouvoir en place. Qu’est-ce qui se serait passé si la tentative de diluer les pouvoirs du DPP, qui avait provoqué le départ de Xavier-Luc Duval et du PMSD du gouvernement, avait abouti ? On comprend pourquoi ce dernier félicite le DPP pour son courage et sa ténacité. Pour revenir au fameux document divulgé, notons qu’alors qu’un journaliste est appelé aux Casernes au sujet d’un leakage, le GM et ses défenseurs insistent, eux, sur l’authenticité du rapport.
À toutes fins utiles, il est bon de rappeler que les pouvoirs du DPP sont régis par l’article 72 de la Constitution, laquelle prévoit que le DPP a le pouvoir, dans tous les cas où il le juge opportun, de : 1) engager et entreprendre des poursuites pénales devant tout tribunal (qui n’est pas un tribunal établi par une loi disciplinaire); 2) prendre en charge et poursuivre toute procédure pénale qui aurait pu être engagée par toute autre personne ou autorité; et 3) interrompre à tout moment, avant le prononcé du jugement, toute poursuite pénale engagée ou entreprise par lui-même ou toute autre personne ou autorité.
En cette veille de Divali, alors que le pays célébrera la victoire de la lumière sur l’obscurité et toute forme d’obscurantisme, nous souhaitons que la vérité triomphe et que la lumière soit faite sur toute cette affaire Kistnen.
Jean Marc Poché