Les regards des gouvernements et décideurs économiques du monde entier seront tournés vers Washington, où s’ouvriront les assemblées générales annuelles du FMI et du groupe de la Banque mondiale. Comme le souligne cette dernière, « ces assemblées annuelles se déroulent dans un contexte mondial marqué par de multiples défis, de la pandémie à la guerre en Ukraine, en passant par la crise alimentaire et la crise énergétiques ». À ce propos, l’analyse et les prévisions économiques de David Malpass, président du groupe de la Banque mondiale sont attendues avec intérêt. Mais déjà, on sait que la situation ne sera pas facile pour les pays en développement, y compris pour Maurice, malgré nos prévisions les plus optimistes.
Cassam Uteem, qui intervenait à Triveni pendant la semaine devant les membres de la Mauritius Economic Society, avait fait remarquer avec pertinence que les avancées enregistrées dans le cadre de l’agenda de développement durable des Nations Unies « ont pris du plomb dans l’aile ». Il a observé que la fracture entre les pauvres et les riches s’approfondissait, alors que la classe moyenne, elle, se rétrécissait.
Il n’a pas tout à fait tort. Les chiffres attestent qu’alors qu’on avait enregistré de grands progrès entre 1990 et 2019 dans le combat contre la pauvreté dans le monde, la crise découlant de la pandémie aura entraîné des conséquences dévastatrices. Alors que plus d’un milliard de personnes avaient échappé à la pauvreté, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a augmenté de près de 70 millions. Quelque 720 millions de personnes vivaient déjà dans l’extrême pauvreté. L’objectif d’éliminer l’extrême pauvreté d’ici 2030 apparaît de plus en plus inatteignable.
La Banque mondiale estime que 7% de la population mondiale, c’est-à-dire environ 574 millions de personnes, continueront probablement à vivre dans l’extrême pauvreté en 2030. Soit plus du double des 3% nécessaires pour atteindre l’objectif. Espérons que les mêmes efforts financiers déployés de part et d’autre dans la guerre russo-ukrainienne pourront être investis dans la lutte contre la pauvreté dans le monde. À Maurice, la situation est loin d’être facile. La misère que connaissent les plus pauvres d’entre nous est rapportée tous les jours dans les médias. On a vu des parents abandonner leurs enfants, faute de pouvoir les entretenir.
La relance de l’industrie touristique insuffle actuellement beaucoup d’espoir dans la relance économique, malgré les incertitudes sur les marchés européens. La messe du tourisme, organisée jeudi par le comité diocésain pour le tourisme, a donné un signe d’espoir à l’effet que l’industrie touristique n’est pas qu’une simple activité capitaliste motivée uniquement par les revenus et les profits. L’idée de repenser le tourisme tout en redynamisant les villages ainsi que celle consistant à Partaz Kiltir Moris permettent de donner une dimension humaine, voire une âme, à cette industrie, qui est beaucoup plus complexe qu’on peut l’imaginer.
Le postulat des initiateurs du projet est « de favoriser l’immersion des touristes dans les villages environnants à travers des circuits authentiques et écoresponsables, tout en tenant en considération que les villageois sont les principaux acteurs et bénéficiaires de cette initiative ». Dans la mesure où ces initiatives prennent de l’ampleur et sont bien organisées, les touristes qui le souhaitent seront en mesure de découvrir l’île Maurice profonde, avec ses habitudes culinaires, sa culture et ses religions. De même, les établissements hôteliers pourraient, dans la mesure du possible, s’approvisionner dans les villages environnants. Des familles, à commencer par celles employées dans les hôtels, pourraient accueillir des touristes à domicile.
Des formations appropriées sont octroyées à ceux qui participent à ces initiatives. Ceux qui ont perdu leur emploi et se sont retrouvés en difficulté durant la pandémie peuvent reprendre un nouveau départ, tout en ayant une certaine autonomie. Ce projet, qui bénéficie de l’aide de l’Organisation internationale de la francophonie, mérite toute notre attention… et celle des autorités compétentes.