Les semaines se suivent et se ressemblent sur le plan politique, qui continue de connaître une intense activité digne d’une campagne électorale. Le MSM a, dans une certaine mesure, occupé une large part de ces activités, avec sa série de congrès à travers les circonscriptions en prélude de la célébration de son 40e anniversaire l’année prochaine.
Cette campagne a pris fin vendredi à Saint-Pierre, avant qu’il ne se rende dimanche à Rodrigues. À première vue, cette tournée politique a permis de mobiliser les partisans traditionnels du parti Soleil et de projeter la perception d’une alliance gouvernementale unie, avec Alan Ganoo jurant fidélité au Premier ministre, Pravind Jugnauth, à L’Escalier, Steven Obeegadoo à Curepipe et Ivan Collendavelloo à Rose-Hill. Toutefois, ce dernier a fait ressortir qu’il le sera au moins jusqu’à la fin de l’actuelle mandature. Reste à savoir l’effet que cette action aurait eu sur les électeurs mauriciens en général.
À première vue, elle s’est résumée à de violentes attaques contre ses adversaires politiques, auxquels il a ajouté son ancien proche collaborateur Sherry Singh et la presse. Il a tiré sans sommation, quitte à sombrer quelquefois dans ce que ses détracteurs qualifient de « grossièreté » et de propos qui « dépassent l’entendement ». Pas plus tard que vendredi, Paul Bérenger lui a fait remarquer que les comptes du MMM peuvent être vérifiés par la MRA ou la police, alors que Xavier-Luc Duval, lui, rappelle que « Sherry Singh était son “mam kole” », et pas celui des partis de l’opposition.
Quant à Nando Bodha, il s’est étonné que le Premier ministre pose « sur des caisses de savon » les questions auxquelles il avait refusé de répondre au Parlement au sujet de Mauritius Telecom. « Lorsqu’on est dans le giron du pouvoir, toutes les transactions louches sont tolérées pour être dénoncées lorsqu’on quitte la cuisine du pouvoir », constate-t-il. Cette campagne n’a pas touché de dossiers de fonds, et n’a pas permis de donner une idée quant à savoir si les élections municipales auront lieu, voire si l’on s’achemine vers des élections générales l’année prochaine ou l’année d’après.
Dans l’opposition, l’Entente de L’Espoir s’est présentée vendredi comme un bloc uni, consolidé par la présence des quatre dirigeants des partis qui la composent. Les regards seront tournés ce dimanche vers Trianon, où le Parti travailliste tient son congrès, et qui doit voir le renouvellement des dirigeants des instances de ce parti. Cette manifestation est attendue avec beaucoup d’intérêt, car elle devrait donner une indication sur la configuration de l’alliance qui devrait être composée afin de se présenter comme une alternative durable au pouvoir actuel.
Cependant, l’actualité politique ne peut pas occulter deux événements de nature historique ayant marqué la semaine écoulée. Ainsi, après avoir célébré avec succès le 75e anniversaire de l’indépendance de l’Inde, qui coïncide avec les 75 ans de l’établissement des relations diplomatiques indo-mauriciennes, nous avons aussi célébré le tricentenaire de l’installation française à Maurice, qui coïncide avec l’arrivée des premiers esclavés, et le tricentenaire de l’Église catholique. Ces événements ont été marqués par l’ouverture d’une exposition au Musée intercontinental de l’esclavage et par une messe solennelle à la Cathédrale St-Louis. Cette dernière cérémonie, à laquelle étaient présents les représentants des différents partis politiques, a permis à l’Église catholique de remettre les pendules à l’heure, si besoin était, en proposant une juste restitution de son action durant 300 ans et son engagement dans la construction d’une nation mauricienne. Il est malheureux que la municipalité de la cité de Port-Louis ait manifesté jusqu’ici une indifférence totale quant à la célébration du 300e anniversaire de la capitale.
Jean Marc Poché