Difficile de parler des jours heureux ces temps-ci même si les salariés et les bénéficiaires d’allocations ou de pensions ont reçu pour la première fois en cette fin de mois une somme de Rs 1000 accordée comme compensation lors de la présentation du budget 2022-2023. On n’a qu’à faire un tour dans les supermarchés pour se rendre compte que nos revenus mensuels ne font plus le poids face au coût de la vie. Ne parlons pas de médicaments, on n’a qu’à se rendre en pharmacie pour prendre connaissance de la quantité de médicaments qui sont Out of stock. Plusieurs personnes se sont plaintes du manque de médicaments pour enfants sur le marché.
Coïncidence ou pas, Moody’s Investors Services – dans un communiqué publié jeudi, à la veille des débats sur le Finance Bill – a annoncé la dégradation de Maurice de BAA2 à BAA3 en précisant, il est vrai, que le « outlook » est passé à « stable from negative ». Quelle est la portée de cette dégradation, quelles peuvent être ses conséquences sur le système bancaire mauricien et sur l’économie en général ? Faut-il nous inquiéter pour l’avenir ? Quelles sont les mesures prises pour corriger le tir là où cela se révèle nécessaire ?
On se serait attendu à une déclaration ministérielle au parlement. Il n’en a rien été. Aux termes des paramètres parlementaires fixés dès le départ par le Speaker hier, personne n’a été en mesure d’en faire mention même vaguement lors de leurs interventions sur le Finance Bill. Dans une certaine mesure, le ministre des Finances est tombé dans un piège tendu par le leader de l’opposition en réagissant plus vite que son ombre dès que ce dernier a fait mention de la dégradation de Maurice par Moody’s en estimant que ses propos étaient en violation d’une clause d’un Standing Order. Le Speaker, désormais très avisé, a laissé toute la responsabilité au ministre qui est intervenu sur un Point of Order. Ceux qui suivaient les débats parlementaires n’étaient pas dupes.
Que reproche Moody’s à Maurice ?
Son communiqué précise que « The downgrade to Baa3 is driven by Moody’s assessment that the quality and effectiveness of institutions and policy making has weakened, which in turn hampers Mauritius’s economic resiliency and capacity to absorb future economic shocks ». Ce n’est pas fini car Moody’s poursuit que « while institutional framework remains strong and policymaking has historically supported high and stable economic growth, reversing the deterioration in economic and fiscal strength as a result of the pandemic is complicated by reliance on unconventional and one-off measures which creates institutions and governance strength ». Entrant dans les détails plus loin, Moody’s classe les transferts des profits réalisés par les entreprises de l’État, la vente des biens publics parmi les « one-off measures » et estime que cela a contribué à accroître les incertitudes concernant la trajectoire de la dette publique et rend plus compliquée une évaluation exacte de la « fiscal strength ». Tout cela est déjà très inquiétant comme l’ont déjà souligné plusieurs commentateurs. Personne ne peut venir associer cette analyse à la démagogie de l’opposition – qui devrait revenir à la charge ce week-end.
Tout ce qu’on demande aux autorités, c’est de pratiquer le langage de la vérité économique. Let’s call a cat, a cat ! Au lieu de s’accrocher aux quelques flatteries que Moody’s a fait, on devrait s’atteler à redonner la confiance nécessaire aux institutions du pays et à la gouvernance. Il n’y a aucun mal à revoir la Banking Act comme le réclament les institutions internationales dont les commentaires sont suivis de près par les opérateurs et les instances internationales et qui peuvent faire du mal à l’image du pays au niveau international. Le temps où on doit tenir un langage que pour endormir l’électorat et pour des raisons politiques est dépassé. Si on ne se ressaisit pas nous allons au-devant des lendemains qui déchantent.