La semaine écoulée a été indéniablement riche en événements et en rebondissements, allant de la visite d’une délégation mauricienne aux Chagos à la démission surprise de Jenny Adebiro du MMM.
Commençons par le passage d’Atma Bumma au MSM, qui n’a étonné personne. Depuis qu’il a suivi son ancien mentor au sein du Mouvement Patriotique, il a été un critique régulier du MMM et de son leader. Il avait mené campagne contre ce parti lors des dernières élections municipales et s’était affiché aux côtés du leader du MSM durant les dernières élections générales. Ce qui explique d’ailleurs qu’une tentative de retour dans son ancien parti n’avait pas abouti et son adhésion au sein du MSM est donc tout à fait logique, lui permettant de travailler avec ses anciens amis du MP.
La surprise est en revanche venue du côté du MMM. Ce parti mène tambour battant campagne contre le gouvernement aux côtés de ses partenaires de l’Entente de l’Espoir, à savoir le leader de l’opposition et du PMSD, Xavier-Luc Duval, de Nando Bodha, du Rassemblement mauricien, et de Roshi Badhain. Ils dénoncent pratiquement chaque semaine des cas de corruption, d’abus de pouvoir, d’atteintes à la liberté d’expression, d’entorses à la démocratie et de pratique de l’autocratie, tout en annonçant la volonté d’unir toutes les forces de l’opposition afin d’acculer le Premier ministre et le forcer à organiser les élections générales, qu’ils espèrent bien sûr remporter.
Les négociations avec le leader du Parti travailliste, Navin Ramgoolam, sont déjà engagées, même si ce dernier se garde toujours de faire des sorties publiques pour des raisons de santé. Face à cette manœuvre, le MSM et ses partenaires politiques, menés par Pravind Jugnauth, ont opté une stratégie consistant à lancer une série de projets de développement et de s’engager en parallèle dans une tentative de déstabilisation des partis de l’opposition en s’attaquant directement à leurs maillons faibles. Le passage récemment d’un membre du MMM au MSM avait été annoncé à cor et à cri par la MBC, ce qui avait été qualifié de « non event » par Paul Bérenger.
L’annonce de la démission de Jenny Adebiro jeudi par la MBC a cette fois pris tous les observateurs de court. Cela fait à peine deux semaines en effet où elle avait fait la une de l’actualité aux côtés de Reza Uteem autour de la pétition électorale du recomptage de ses bulletins de votes et de ceux d’Ivan Collendavelloo, obtenus lors des dernières élections. On peut encore suivre sur les sites Web des journaux ses déclarations, refusant de participer à l’annonce officielle des résultats en raison des irrégularités observées lors de l’exercice de recomptage.
Alors que d’aucuns s’attendaient à y voir plus clair sur les 73 bulletins manquants et attendaient le résultat de l’enquête de police sur la présence d’un bulletin venant de la circonscription No 1 dans les urnes, l’affaire sera vraisemblablement close. Arvin Boolell affirmait vendredi qu’on ne saura jamais la vérité, tout en exprimant le sentiment que les élections n’ont pas été « free and fair ». À l’heure où des doutes subsistent sur la façon dont se sont déroulées les dernières élections générales, beaucoup s’interrogent sur ce qu’aurait fait Jenny Adebiro dans l’éventualité où elle avait été élue lors du recomptage.
Dans la mesure où elle considère que « the party no longer values its ethics » sans donner de précision, ni même sur quand elle l’a constaté, beaucoup soupçonnent qu’elle se serait jointe à la majorité parlementaire dans le cadre d’un plan « bien réfléchi ». Ce qui a amené Arvin Boolell à se demander quelle était « la force occulte » derrière la décision de l’ancienne présidente de l’aile féminine du MMM. Ses anciens partenaires comptent lui donner la réplique ce samedi.
L’autre annonce surprise entendue cette semaine a été celle concernant la visite d’une délégation mauricienne aux Chagos sans la permission des Britanniques, qui ont simplement été prévenus. Cette mission, qui comprend des natifs chagossiens, est déjà répercutée dans la presse britannique et américaine, qui a eu plus de chance que leurs collègues mauriciens, laissés sur la touche. À l’heure actuelle, l’ancien dragueur de mine Bleu de Nimes, devrait déjà se trouver dans les eaux chagossiennes avec le drapeau mauricien au bout du mat. Cette visite a fait l’objet de nombreux commentaires, mais le sentiment général est de ne rien faire qui puisse permettre aux Britanniques de marquer des points.
Jean Marc Poché