Mohammad Santally pro-vice-chancelier de l’UoM : « L’objectif est d’armer nos étudiants pour la vie professionnelle et la formation continue »

L’université de Maurice prépare sa rentrée, prévue le 15. Une rentrée sur fond de Covid-19 qui, de fait, sera différente des années précédentes. Toutefois, l’institution s’adapte en mettant en place des stratégies s’agissant de l’apprentissage et de l’enseignement. Ces changements, selon le pro-vice-chancelier (Planning & Resources), Mohammad Santally, visent à armer les étudiants pour qu’ils soient prêts pour le monde du travail et la formation tout au long de leur vie. Parmi les autres changements, les étudiants de première année participeront aux examens à livres ouverts.

- Publicité -

Nous avons subi deux confinements et cette situation a été éprouvante pour le secteur de l’éducation. De quelle manière l’université s’est-elle adaptée pour faire face à la pandémie ?

La pandémie de Covid-19 nous a poussés à redéfinir notre mode de fonctionnement. Depuis le mois de mars 2020, et hélas pour nous, nous avons dû, dans une certaine mesure, recentrer notre stratégie pour faire face aux défis urgents soulevés par la pandémie.

Nous avons accordé une plus grande importance aux cours virtuels et aux évaluations non traditionnelles dans la mesure du possible, tout en assurant la continuité des activités. Dans le même temps, nous devions assurer la sécurité de notre personnel et de nos étudiants. Nous avons mis en place les protocoles nécessaires.

Suite au premier confinement, nous avons accéléré le processus de transformation numérique de l’université. Cette transformation faisait déjà partie de notre stratégie, mais la pandémie a fait avancer ce processus. Nous avons également introduit le système d’horaires flexibles, qui fonctionne bien. Par ailleurs, le système de travail à distance a été introduit récemment à titre expérimental.

Des questions ont été posées au sujet des examens en ligne et à distance, ainsi que l’introduction de devoirs à la place des examens. Il semble qu’il n’y ait pas de convergence de points de vue…

La véritable inquiétude concerne l’intégrité des examens et la lutte contre la tricherie. À Maurice, comme dans de nombreuses autres régions du monde, nous sommes habitués à ce que l’on appelle des examens à forts enjeux.

Dans le passé, le CPE était un examen à enjeu élevé, car il impliquait un classement compétitif, qui déterminait à son tour le collège qu’un étudiant obtiendrait. De même, les examens du HSC culminent avec des lauréats et un classement qui détermine si et quel type de bourse sera obtenu par une poignée d’étudiants.

De même, dans les universités, ces examens à enjeux déterminent la classe d’un diplôme, qui détermine souvent si vous pouvez poursuivre des études supérieures, comme au niveau de doctorat, ou si vous aurez de meilleures perspectives d’avenir qu’une personne ayant des résultats moins impressionnants.

Comme tout système, cette philosophie a ses forces et ses limites. En fin de compte, tout dépend de la vision que nous avons de notre système éducatif. À mon avis, une grande partie des critiques auxquelles nous sommes confrontés concernant l’aptitude de nos diplômés à intégrer le monde du travail est étroitement liée à l’importance démesurée accordée par le monde universitaire aux examens à enjeux élevés.

Quelle est donc la solution ?

De nos jours, nous faisons référence au développement intégral de l’apprenant, à l’acquisition d’aptitudes et au développement de compétences en vue de l’avenir professionnel. Les seules connaissances académiques, testées par des examens supervisés à livre fermé, et qui évaluent principalement les capacités de mémorisation des étudiants, ne sont pas suffisantes.

Il est nécessaire de combiner des techniques d’évaluation véritables, qui aideront l’apprenant à atteindre le niveau souhaité et les résultats escomptés. L’évaluation des étudiants fait partie du processus d’apprentissage et ne doit pas être considérée comme un moyen de classer les apprenants dans les catégories réussite ou échec .

C’est ce changement d’état d’esprit que nous voulons introduire dans notre système d’enseignement et d’apprentissage à l’université via le LCCS. Un examen peut être une activité à livre ouvert ou fermé, un examen oral, un essai de réflexion, critique ou argumentatif ou toute autre activité soigneusement conçue pour évaluer l’apprentissage des étudiants et pour prendre des mesures correctives afin de s’assurer que les apprenants atteignent le minimum requis pour passer au niveau suivant. Le contrôle et l’évaluation des élèves sont omniprésents tout au long du processus d’apprentissage et doivent être authentiques, pertinents et fiables.

Verrons-nous quelconque changement dans le modèle d’examen de l’UoM pour la prochaine année académique ?

Le Sénat a en effet adopté un projet qui encourage les examens à livre ouvert pour les programmes de première année à partir de la prochaine année universitaire. Bien entendu, nous ne voulons pas déterminer la manière dont l’évaluation se déroule, car elle dépend de la nature et des exigences spécifiques des différents modules.

Cependant, en approuvant ce document, nous sommes conscients que le modèle unique est obsolète et qu’il est nécessaire de s’aligner sur les pratiques d’enseignement et d’apprentissage du 21e siècle. L’objectif est de mieux armer nos étudiants pour l’avenir du travail et de la formation continue. Il est nécessaire de mentionner ici que de tels modèles d’évaluation étaient déjà en place dans certains programmes proposés dans le cadre de modes d’apprentissage flexibles et en ligne, mais nous élargissons maintenant cette pratique de manière progressive.

L’e-Learning pourrait-il un jour remplacer l’enseignement en présentiel ?

L’e-Learning peut être une bonne alternative à l’enseignement en face-à-face dans de nombreuses situations, mais pas dans tous les cas. L’apprentissage en ligne peut même être meilleur et plus approprié que l’enseignement en présentiel selon le scénario. Prenons par exemple le cas d’un employé qui souhaite poursuivre des études supérieures mais qui ne peut se permettre de quitter son emploi.

Dans une telle situation, un programme flexible d’apprentissage en ligne peut être parfait. Prenons à présent le cas d’un cadre supérieur qui a besoin d’un cours accéléré sur une nouvelle technologie. Cette personne n’a pas le temps d’assister à des ateliers en face-à-face et peut facilement suivre un cours en ligne de haute qualité sur une plateforme comme Coursera ou FutureLearn.

L’enseignement en présentiel a ses avantages par rapport à l’apprentissage en ligne, mais également ses inconvénients. Nous avons vu, dans une situation de pandémie, comment des millions d’enfants, et principalement des filles dans des zones vulnérables, ont été privés d’école. L’apprentissage en ligne et d’autres modes de formation alternatifs semblaient être la solution au problème.

En revanche, les pédagogies scolaires, si elles ne sont pas adaptées aux besoins des apprenants, peuvent entraîner davantage de décrochages et d’élèves laissés pour compte. Nous en avons été témoins à Maurice même. Je ne pense donc pas que la comparaison soit juste, car l’application et les avantages de chaque modèle sont spécifiques au contexte.

Cependant, un mélange de technologie et d’interaction en tête-à-tête est le scénario idéal si les bonnes pédagogies et méthodes de conception de l’apprentissage sont mises en œuvre. Le bon équilibre entre l’apprentissage en ligne et l’interaction en présentiel est important. Comme je l’ai mentionné, l’élément clé est l’apprentissage et les résultats des étudiants.

En ce qui concerne l’admission à l’université, il semble que certains étudiants n’ont pas postulé en mars pour différentes raisons et que, désormais, ils ne peuvent pas postuler après avoir obtenu des résultats…

Nous avons récemment publié de nouvelles offres pour de nombreux programmes où des sièges sont encore disponibles. Nous avons décidé d’annoncer en mars pour permettre aux étudiants potentiels de postuler avec leurs résultats provisoires. Ils ont reçu une place provisoire et, selon les conditions, où la place ne pouvait être confirmée qu’après avoir envoyé leurs résultats officiels. Pour ceux qui n’ont pas postulé, nous avons accepté les candidatures tardives, et avons également procédé à une réouverture des inscriptions lorsqu’il y avait des places disponibles. Pour les demandes tardives, cela dépendra s’il y a des places dans les cours choisis.

Le service des admissions s’efforce de traiter toutes les demandes dans un délai raisonnable. Les candidats doivent vérifier leurs courriels ainsi que le dossier spam, et répondre rapidement si une place leur est proposée. Nous savons que certains étudiants potentiels ont raté la campagne de candidature de mars malgré la campagne intensive de marketing et d’information menée. Nous allons réexaminer le processus et apporter des améliorations pour la prochaine rentrée à la lumière de l’expérience de cette année.

Un dernier mot sur le récent classement de l’UoM…

Nous venons d’apprendre que notre Centre for Sustainable Tourism and Hospitality a été classé parmi les 150 premiers par le célèbre classement de Shanghai. C’est un indicateur de qualité de cette université. Nous mettons l’accent sur l’accréditation de nos programmes par la Royal Society of Chemistry et par l’ECSA pour nos programmes d’ingénierie.

Nous avons mis en place un certain nombre de stratégies pour soutenir la vision d’une université engagée dans la recherche et l’entrepreneuriat. La Faculty of Law & Management et la Faculty of Information, Communication and Digital Technologies travaillent en étroite collaboration avec des partenaires industriels pour offrir des cours de haut niveau en IA et Fintech.

Dans cette université, nous avons été les pionniers de l’apprentissage en ligne dans l’enseignement supérieur et avons obtenu une reconnaissance internationale.  Nous sommes engagés dans des initiatives d’innovation avec l’industrie via le CBBR et notre parc Agritech. Pour ce qui est du classement UniRank ou 4ICU, nous l’avons déjà commenté l’année dernière. Il est également difficile d’aborder ce type de classement lorsque les critères ne sont pas clairs et connus du public, et lorsqu’il est mentionné qu’il s’agit d’un classement non académique.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour