Le Guide - Législatives 2024

Élections municipales en Backdrop : Lakwizinn confrontée au menu « Jugnauth, ki to pe kasyet ? 

Les Rs 20 M versées sur le compte de Patrick Rountree à la Coutts Bank
en Grande-Bretagne le 30 juin 2001 restent la clé du mystère de l’Angus Road Saga

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Le Speaker, tentant de « shield » le PM, pris en tenaille par ses écarts langagiers
à l’égard de Rajesh Bhagwan et la série de suspensions prononcées contre
Arvin Boolell

À l’image des législatives du 21 décembre 1995 avec le slogan Jugnauth Ke Anth sur une affiche de feu sir Anerood, pour les prochaines élections municipales devant se dérouler vers mars de l’année prochaine au plus tard, Lakwizinn du Prime Minister’s Office est sous la menace d’un autre slogan aussi têtu sur l’Angus Road Saga. L’éventualité d’orchestrer une opération avec pour leitmotiv « Jugnauth, ki to pe kasyet ? » en marge de la campagne pour le scrutin dans les cinq villes est sérieusement jaugée au sein des différents états-majors politiques de l’opposition. Cette option a surgi du néant après la séance du Prime Minister’s Question Time de mardi dernier avec la majorité gouvernementale, bénéficiant de la bénédiction du Speaker, Sooroojdev Phokeer, qui a déployé toute une armada de tactiques pour éviter que le député travailliste Patrick Assirvaden ne soit en mesure de venir de l’avant avec sa PQ au sujet des allégations de corruption autour de l’acquisition par le couple premierministériel du domaine d’Angus Road. Circonstance oblige, et empruntant un langage de soûlard, soit « de dan enn », ceux proposant la campagne pour les municipales se déroulant dans un premier temps sur ce thème soulignent que le Speaker, dont les agissements sont dénoncés non seulement à Maurice mais également à l’étranger, sera ainsi directement assimilé au Leader of the House et nouveau patron du Sun Trust. D’ailleurs, dès demain, Sooroojdev Phokeer et Pravind Jugnauth devront se préparer pour être convoqués en Cour suprême dans la contestation par Arvin Boolell de sa suspension pour huit sessions de l’Assemblée nationale, soit selon toute probabilité jusqu’à a fin de cette année. Sans compter que Sooroojdev Phokeer, en dépit des manœuvres de soutien de Lakwizinn du PMO, arrive difficilement à se dépêtrer de l’emprise de look at your face, insulte répétée en onze occasions à l’adresse du député du MMM Rajesh Bhagwan lors de ces mêmes échanges mardi dernier.

Le plan échafaudé à l’Hôtel du gouvernement avec les vacances parlementaires était calculé comme du papier à musique. Dans la conjoncture, avec la mésentente toujours de mise dans les rangs de l’opposition, notamment entre le bloc mené par le MMM-PMSD d’un côté, et le Parti travailliste, de l’autre, les Top Chefs de Lakwizinn du Prime Minister’s Office lorgnaient les élections municipales selon un calendrier surprise bien établi. D’ailleurs, dès le lendemain de l’ajournement des travaux parlementaires pour les vacances d’hiver, des Senior Ministers, notamment le Deputy Prime Minister et ministre du Tourisme, Steven Obeegadoo, dans les hauts des Plaines Wilhems, et le vice-Premier ministre et ministre des Administrations régionales, Anwar Husnoo, dans la capitale, étaient descendus sur le terrain pour un début de mobilisation des troupes orange dans les Wards municipaux.

En parallèle, le Sun Trust avait accueilli des consultations entre représentants des différents conseils municipaux avec pour objectif d’accélérer ou encore d’éliminer les stumbling blocks dans la mise en chantier de projets dans les villes pour susciter un feel-good factor en dépit des affres découlant de la pandémie de coronavirus. Le timing de ce scrutin dans les cinq villes du pays tiendra également en ligne de compte la publication imminente des recommandations salariales du Pay Research Bureau (PRB) en faveur des fonctionnaires. Ces trois ingrédients, même si un quatrième, en l’occurrence le Covid-Safe Country avec l’explosion quotidienne de cas de contamination, devra être éliminé, sont donnés comme faisant partie de la municipal winning formula au sein du gouvernement.

Mais depuis la fin de la semaine dernière, le retour en force à l’avant-plan des dessous de l’Angus Road Saga ciblant directement Pravind Jugnauth et assaisonné abondamment de look at your face de Phokeer à l’adresse de Bhagwan déstabilise la strategic political road map de l’Alliance Morisien pour les prochains mois jusqu’aux municipales. La campagne de l’opposition « Jugnauth, ki to pe kasyet ? » pourrait se décliner en plusieurs volets, dont principalement les zones d’ombre dans cette acquisition immobilière d’une superficie de 7 023 mètres carrés du couple Jugnauth (Jr) à Angus Road. La genèse de cette affaire, dont Pravind Jugnauth arrive difficilement à s’en débarrasser, remonte à plus de 20 ans déjà, soit au 30 juin 2001, avec le versement d’une somme de Rs 20 millions par le dénommé Alan Govinden.

D’abord, la question, qui exige des éclaircissements sans aucune ambiguïté porte sur la source of funds de ces Rs 20 millions déposées par Alan Govinden sur le compte de Patrick Rountree à la Coutts Bank en Angleterre. Le point préliminaire est de savoir comment le dénommé Govinden a été mis en présence du numéro de compte bancaire de Patrick Rountree en Angleterre alors que techniquement, ces deux protagonistes ne se connaissent même pas et ne se sont jamais rencontrés.

Opacité

« Qui avait intérêt à agir en tant qu’intermédiaire pour la communication de ce détail critique sur le compte à la Coutts Bank en vue de matérialiser ultérieurement la transaction immobilière d’un même montant de Rs 20 millions ? » se demande-t-on, en ajoutant que l’identité de ce contact devra démêler l’écheveau de la provenance de ces fonds au début de ce siècle. La réconciliation des versions au sujet du document de plan de situation signé de l’arpenteur juré Éric de Spéville en date du 22 juin 2008 et la contestation de l’authencité des reçus de Bel Air Sugar Estate pour les paiements en tranche devront ouvrir des avenues pour dissiper les épais doutes dans l’Angus Road Saga.

« L’opacité que pratique Pravind Jugnauth ne pourra durer. Depuis novembre 2021, il a été encerclé part quatre PNQs. L’enquête de l’ICAC dure depuis plus d’une dizaine d’années. Zero plonbaz. Entre-temps, le contrat du directeur de l’ICAC a été renouvelé. Sûrement pour service rendu. Nous pouvons nous demander pourquoi cette même ICAC avait fait un virage à 180° dans l’affaire MedPoint devant le Privy Council. Pravind Jugnauth, ki to p kasyet ? »se demande Arvin Boolell comme pour donner le ton.

Mais l’Angus Road Saga ne se limite pas qu’à cette première transaction sur 7 023 mètres carrés. Il y a encore un autre terrain à côté d’une superficie de 3 597 mètres carrés, dont la valeur sur le marché est de l’ordre de Rs 8 millions et un troisième lopin couvrant 2 093 mètres carrés. « Pravind Jugnauth ne perd rien pour attendre à ce sujet. Nous aviserons de la marche à suivre pour que la lumière soit faite et avec preuves à l’appui », ajoute Roshi Bhadain, qui a revisited ce dossier depuis un an déjà.

Ensuite, depuis ces neuf dernières années, l’enquête initiée par l’Independent Commisssion Against Corruption (ICAC), même avec l’annulation, sans explication, par l’ancien Attorney General, Ravi Yerrigadoo, des procédures de legal mutual assistance portant sur ces Rs 20 millions avec la Grande-Bretagne au lendemain du retour du MSM à l’Hôtel du gouvernement après les élections de décembre 2014 n’a pas connu jusqu’ici d’avancées sous les dispositions de la Prevention of Corruption Act (PoCA) et de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act (FIAMLA). « Cette enquête est un mort-né pour ne pas dire a été tuée dans l’œuf pour des raisons évidentes. Mais la population aura compris les tenants et aboutissants de ce scandale », s’insurge-t-on dans les rangs de l’opposition, indépendamment de la couleur politique.

« Disturbing incident »

Puis, les parliamentary offsides et autres obstructions attribués au Speaker lors du déroulement des travaux de l’Assemblée nationale sont légion. Le seul but est d’épargner Pravind Jugnauth de toute situation politique embarrassante. Certes, l’incident look at your face de mardi dernier est venue remettre une couche de vernis sur ses agissements ou encore son rôle de His Master’s Voice pour ne pas dire His Master’s Political Bodyguard. L’opération tempo soufle animée par les lieutenants de Pravind Jugnauth, dont le dernier en date est le néophyte au conseil des ministres Avinash Teeluck, s’avère nullement suffisante pour couvrir les clameurs de désapprobation face à la hargne gratuite contre un Honourable Member of the Opposition siégeant tantôt sur les bancs du gouvemement tantôt dans les travées de l’opposition depuis très bientôt 38 ans d’affilée, soit depuis les élections législatives du 21 août 1983.

Toutefois, une autre épreuve sous les dispositions 17 et 83 de la Constitution en vue d’un constitutional relief se profile à l’horizon politique avec la stratégie de dan ene, avec Arvin Boolell traînant en Cour suprême le Leader of the House et le Speaker suite à sa suspension pour huit sessions de l’Assemblée nationale à partir de la séance du 20 juillet. Les indications sont que l’affaire devra être logée par les soins de Me Hiren Jankee, Senior Attorney, en Cour suprême dans les prochains jours.

Aucun doute que le chef de file du Parti travaillsite à l’Assemblée nationale fera le procès de Sooroojdev Phokeer dans le cadre de cette consitutional relief contre cette sanction sévère le privant de ses attributions de parlementaire. Un premier point liminaire que compte avancer Arvin Boolell au sujet des précédents portent sur le fait que « Sooroojdev Phokeer was posted at the Mauritius Embassy in Cairo, Egypt, in the year 2000 when the MSM was the ruling party in alliance with the MMM. He could not fully serve his mandate at the said embassy and had to be recalled in or about 2003. At the material time, his recall constituted a serious dente in diplomatic relations with Egypt. The reasons of his recall are still tainted with opacity to date ».

Puis, le passage de Sooroojdev Phokeer à la mission diplomatique de Maurice à Washington est également cité. « From reliable and confidential sources of information, Sooroojdev Phokeer was embroiled in a very disturbing incident while being posted at the Mauritian Embassy in Washington, DC, USA, during the period 2015-2019 ». Sans plus. Arvin Boolell souligne que l’action conjointe de Phokeer et de Jugnauth lors de la séance du 20 juillet dernier « should be declared unconstitutional and antidemocratic as it prevents him from performing his duties without unwarranted intention and according to the principle of Parliamentary Democracy ».

En tout cas, les vacances parlementaires priveront à coup sûr le Speaker d’une carte maîtresse pour une porte de sortie en Cour suprême comme ce fut le cas lors de la précédente suspension de trois Senior Members of Parliament.

Le Rapport Britam — Roshi Bhadain réclame Rs 50 M au ministre Hurreeram

Roshi Bhadain a fait servir au ministre Bobby Hurreeram une mise en demeure pour un montant de Rs 50 millions. Cela, suite aux commentaires du ministre sur le rapport de la commission d’enquête Domah au sujet de la vente des actions du groupe BAI au sein de Britam (Kenya).

Le leader du Reform Party prend ombrage de la déclaration publique du ministre à l’effet que « alor tou sala zordi, mo konpran ki lemond de Missie Bhadain inn tramble la ! Pe ekroule ! Zordi lepep morisien pe dimann à l’ex-minis Bhadain : kot nou Rs 1,9 miliar ete ? Se sa ki nou pe dimande ». Il juge ces propos diffamatoires à son égard en avance que « there has never been any offer in writing or any contractual document to show that the Kenyans had made a firm and binding offer to buy shares at Rs 4,3 billion ».

Dans la mise en demeure, rédigée par les soins de Me Pazhany Rangasamy, avoué, Roshi Bhadain ajoute que « the agreement to sell the Britam shares to the Kenyans was, in fact and in truth, between the ministry of Finance in Mauritius (MOFED), represented by the Financial Secretary, and the Republic of Kenya, represented by their Cabinet Secretary, M. Henry K. Rotich ».

Le versement de Rs 20 M dans le dossier de l’ICAC

Le témoin Anil Nemchand, représentant Bel Air Sugar Estate, avait soutenu lors de son audition au QSG en novembre 2011 que “buyer, one Loganaden Govinden, a Mauritian National established in Europe. In 2001, he forwarded to me all the required documents to enable the notary to prepare the deed and he had paid the agreed Rs 20 million in Mr Patrick Rountree’s account in the United Kingdom. This Rs 20 million is in our records as at 30.06.01. Due to Mr Govinden not being in Mauritius, the deed of sale was not prepared and matter stands still. Finally, in 2008, Mr Govinden informed us that the deed of sale should be prepared in the name of the children of Mr Pravind Jugnauth re minor Sonika Jugnauth and Sonali Jugnauth represented by their parents Mr & Mrs Pravind Jugnauth. The sale was effected on 30.05.08 & 04.06.08… » Le dossier de l’ICAC en fait foi.

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