Le groupe BAI, dont le Chairman Emeritus est Dawood Rawat, en fuite en France, opérait depuis le début de l’année dernière des fonds illégaux en vue de recueillir de quoi alimenter financièrement les related companies, dont Iframac, Courts, et Apollo-Bramwell, en difficultés financières. C’est ce qui ressort de la présentation faite officiellement par les Special Administrators de la BAI Co (Mtius) Ltd, Mushtaq Oosman et Yogesh Basgeet, lors de la nouvelle réunion du conseil d’administration de la Financial Services Commission (FSC) d’hier après-midi. La première de ces entités en question n’est autre que la Hennessy Capital Ltd, à ne pas confondre avec le Hennessy Investment Trust, sous la Bramer Asset Management Ltd. Les responsables de la FSC soutiennent qu’à aucun moment le régulateur n’a émis de licence au nom de Hennessy Capital Ltd, avec pour membres du board Muhammad Rawat, Sulliman Moolan, Jaya Allock et Seemadree Rajanah, soit quasiment les mêmes directeurs que l’officiel Hennessy Investment Trust. Le montant recueilli auprès des particuliers et même des entités d’affaires par la Hennessy Capital Ltd en une période de six mois, et ce jusqu’à fin mars dernier, est supérieur à Rs 450 millions, soit une somme qui vient se greffer au trou de Rs 3,3 milliards de la Bramer Asset Management Ltd. La poursuite des archives informatisées à la Bramer House confirme que le Super Deal à la Mallam-Hasham, impliquant des propriétés immobilières d’une valeur de Rs 105 millions, n’est nullement unique en son genre. Pas moins d’une dizaine d’autres sont actuellement en voie d’être déterrées au QG du conglomérat de la BAI en faillite.
Des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien auprès de sources concordantes indiquent que la Hennessy Capital Ltd a été incorporée début 2014 comme un trompe-l’oeil et afin de contourner une interdiction formelle de la FSC à la Bramer Asset Management pour stopper toute opération sous la Financial Services Act en raison de son incapacité à assurer le servicing des engagements financiers auprès des 5 741 clients ayant effectué des placements de Rs 4 milliards dans différents fonds, dont le Bramer Property Fund. Comme déjà annoncé, dès le 8 janvier 2014, suite à une On-Site Inspection, la FSC avait relevé un trou de Rs 2,4 milliards dans les comptes de la Bramer Asset Management.
En sus d’une interdiction de collecte de fonds auprès des clients, qu’ils soient anciens ou nouveaux, la Bramer Asset Management Ltd avait été sommée formellement de préparer un plan de Phasing Out pour assurer le remboursement des investissements par les clients existants. Mais aucune de ces recommandations et directives de la FSC n’avait été suivie par la Bramer Asset Management, comme une équipe d’inspection de la FSC l’avait constaté en septembre 2014, soit presque en pleine campagne électorale.
Le dernier rapport en date des Special Administrators confirme qu’au lieu d’entamer des procédures pour “l’exit” du marché financier de la Bramer Asset Management, les directeurs de cette dernière entité ont élaboré l’astuce de la Hennessy Capital Ltd pour recruter de nouveaux clients avec des placements de plus de Rs 450 millions à la fin de mars dernier. La Hennessy Capital Ltd ne détient aucun permis de la FSC. Ces nouvelles injections de fonds ont été utilisées pour maintenir de manière artificielle le business as usual sans éveiller les soupçons des souscripteurs du Bramer Property Fund ainsi que pour assurer les salaires et gages des sociétés du groupe, dont Iframac, Courts et l’hôpital Apollo-Bramwell.
Le tandem Oosman/Basgeet a également produit une balance sheet de Hennessy Capital Ltd où, au 31 décembre de l’année dernière, on notait des profits de Rs 100 117. Mais ce qui est contesté, et contestable, dans les milieux des affaires, c’est qu’avec ce montant de profits réalisés, les directeurs de Hennessy Capital Ltd ont distribué des dividendes de plus de Rs 1 million, soit dix fois plus.
Des sources bien informées indiquent que l’un des Special Administrators allait consigner formellement une déposition de fraude et de collecte illégale de fonds, sans compter le délit de blanchiment de fonds, contre les directeurs de Hennessy Capital Ltd. Mais interrogé par Le Mauricien, Mushtaq Oosman n’a pas confirmé ce détail, indiquant que « l’objectif, dans l’immédiat, est de poursuivre l’examen des comptes et des transactions de chacune des compagnies concernées ».
De son côté, le Central CID a dépêché une escouade au QG de la FSC, à Ébène, en vue de procéder à l’audition des représentants du régulateur pour établir les opérations illégales des directeurs de Hennessy Capital Ltd et dresser la liste des bénéficiaires de ces détournements de fonds. Les enquêteurs, sous la supervision de l’assistant commissaire de police Heman Jangi, comptent également procéder à la saisie de la documentary evidence nécessaire pour les séances d’interrogatoires Under Warning en série à venir.
En parallèle, les indications disponibles à ce jour dressent un parallèle entre l’interdiction de la FSC du 8 janvier 2014 à la Bramer Asset Management et le Super Deal de Rs 105 millions à l’ancien Chief Executive Officer de la State Investment Corporation (SIC). Iqbal Mallam-Hasham a déjà été inculpé par l’Independent Commission against Corruption (ICAC) pour avoir bénéficié, dans des conditions suspectes, de deux emprunts de Rs 105 millions de la défunte Bramer Banking Corporation Ltd pour l’acquisition de propriétés immobilières sous le contrôle du Bramer Property Fund.
L’épisode du Super Deal d’Iqbal Mallam Hasham au cours du premier trimestre de l’année dernière aura permis à la Cash-Starved Bramer Asset Management de profiter d’un ballon d’oxygène de Rs 358 millions, dont Rs 150 millions sous forme de placement en provenance de la SIC sur ordre de l’ancien CEO et Rs 105 millions des caisses de la Bramer Bank, contournant les directives du 8 janvier 2014 de la FSC.
Les Special Administrators sont d’avis que le cas d’Iqbal Mallam-Hasham ne constitue pas un One-Off mais s’inscrit davantage dans le cadre d’une stratégie visant à déshabiller le Bramer Property Fund de ses avoirs immobiliers de valeur (Assets Stripping) pour retarder l’éclatement de ce que l’hôtel du gouvernement présente comme un Ponzi Scheme à des dimensions historiques. Des soupçons pèsent à l’effet qu’il y aurait au moins une dizaine de cas à la Mallam-Hasham, le prochain dossier qui pourrait faire surface étant la vente, dans les mêmes conditions, des magasins Courts, à la Galerie Evershine, à Rose-Hill. Les Commercial Outlets de Courts à Rose-Hill sont évalués à Rs 31 millions.
D’autres paliers (espaces-bureaux) de la Bramer House à l’Ébène Cyber City, dont la valeur est supérieure à Rs 600 millions, auraient pu avoir été défalqués de la même manière. Néanmoins, aucune source interrogée n’a ni infirmé ni confirmé ce détail encore plus accablant, préférant laisser les Special Administrators poursuivent leur travail. A ce stade, l’option de la nomination d’un liquidateur pour la Bramer Asset Management, présentée dans le rapport du 8 mai, a été repoussée.
Pour ce qui est des Rs 3,3 milliards d’avoirs manquants à la Bramer Asset Management, tout semble pointer en direction d’une opération de sauvetage des compagnies en faillite, dont Iframac, Courts et Apollo-Bramwell, pour le paiement des salaires des employés, le remboursement des échéances des clients du Ponzi et une opération de transfert de fonds de Rs 450 millions vers Seaton Investment Ltd et, subséquemment, KLAD Investment Ltd, domiciliée aux Bahamas, sous le contrôle personnel du Chairman Emeritus de la BAI Dawood Rawat. Ce volet de l’enquête pourrait constituer une des priorités de la Forensic Investigation de nTan Corporate Advisory de Singapour, dont les services ont été retenus par la Banque de Maurice…
EMPIRE RAWAT—La BAI opérait des fonds sans l’autorisation de la FSC
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