Avec l’adoption du budget 2019-2020 cette semaine et la présentation du Finance Bill le mois prochain, le pays entre inévitablement dans la campagne en vue des prochaines élections générales. Alors que le budget avec son cortège de mesures populaires ouvre la voie aux élections générales, les discours prononcés dans le cadre des débats sur le budget, que ce soit par les orateurs de la majorité parlementaire et ceux de l’opposition, ont pris cette année le ton de meetings politiques. Le Premier ministre n’a pas échappé à la règle en se lançant dans une attaque violente aussi bien contre le leader du Parti travailliste que celui du MMM.
Tout en se gardant de donner une indication concernant le moment choisi pour organiser les élections générales, le Premier ministre a adopté un ton de constitutionnaliste en affirmant qu’il respectera les paramètres que lui donne la Constitution. Beaucoup d’observateurs persistent à croire que les électeurs devraient être appelés aux urnes avant la fin de l’année et que l’Assemblée nationale sera dissoute avant le 13 novembre prochain, date fixée pour l’organisation de l’élection partielle à Piton/Rivière-du-Rempart.
Cette semaine, c’est la dimension politique de Pravind Jugnauth qui a retenu l’attention de tous les observateurs politiques. Il a, en effet, choisi de s’attaquer directement à ses trois principaux adversaires politiques, soit les leaders du PTr, du MMM et du PMSD. À la lumière du ton qu’il a adopté, il a donné l’impression qu’il a finalement accepté l’idée d’une lutte à trois pour les prochaines élections avec le MSM-ML, le PTr et le MMM faisant cavaliers seuls.
Pour lui, si le leader du PTr s’est disqualifié pour reprendre la direction du pays, il estime que le MMM a été réduit au niveau de club du MMM. Il en veut pour preuve l’effritement graduel du MMM depuis 2014 avec le départ d’Ivan Collendavelloo, à la suite de la conclusion de l’accord avec le PTr, pour aller créer le ML. Il a cité la cassure de ce parti après les élections, avec le départ d’Alan Ganoo pour créer le MP, le passage des députés du MMM dans le camp du pouvoir. En s’appuyant sur cette division, il tente désormais de se projeter comme celui qui est capable de rassembler les Militants. Il n’a pas hésité, d’ailleurs, à lancer un appel aux Militants de se joindre à lui. Dans son entourage proche toutefois, on n’hésite pas à considérer que la décision du MMM de se présenter seul aux élections relève de la folie. La question est de savoir si le rêve de Pravind Jugnauth de rassembler une force militante afin de faire face à son véritable adversaire du jour, à savoir le leader du PTr, pourra se concrétiser.
Entre-temps le MMM continue à mobiliser ses troupes à travers le pays et s’active à compléter la liste de ses soixante candidats dont les noms sont révélés petit à petit. Au PTr, la grande question est de savoir si le leader de ce parti effectuera son retour à Pamplemousses-Triolet ou s’il choisira de se présenter dans la circonscription No 10 comme le veut une rumeur insistante.
Comme le dit le dicton, « a week in politics is a long time but a few month is an eternity ». Par conséquent, d’ici à la dissolution du Parlement et la date qui sera choisie pour le dépôt des candidatures, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts.
Pour l’alliance gouvernementale désormais, « time is of an essence ». Elle devrait relever le défi de concrétiser en quelque mois toutes les promesses qui ont été faites dans le cadre du discours-budget tout en veillant à ce que le pays continue à fonctionner normalement et à ce que les indicateurs économiques qui vacillent en ce moment ne se détériorent pas. Le compte à rebours vers les élections générales a déjà commencé.
Jean Marc POCHÉ