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Education : Le cardinal Piat présente son projet de filière technique

Le Collège Technique Saint Gabriel transformé en Lycée Professionnel Saint Gabriel sous le projet « Expanding the offer of Technical Education »,

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– Gilberte Chung (SeDEC) : « Notre demande à l’État pour un soutien repose sur le principe d’opportunités égales et de justice sociale pour tous les jeunes indistinctement »

L’évêque de Port-Louis, le cardinal Maurice Piat, revient à la charge sur la revalorisation de la formation technique et professionnelle, et ce tout en prônant une stratégie de partenariat secteur privé-État dans ce domaine. C’est ainsi qu’il s’était rendu au Prime Minister’s Office, hier après-midi, pour présenter un projet de l’Éducation catholique dans ce type de formation. Cette rencontre avec le chef du gouvernement fait suite à une demande datant de plusieurs mois. Il s’agit d’un projet d’envergure pour la réforme du Collège Technique Saint Gabriel (fondée en 1974) en vue de le transforme en un lycée professionnel moderne, offrant une panoplie de cours correspondant aux besoins du pays. L’éducation catholique est prête pour la transition et pour démarrer le Lycée Professionnel Saint Gabriel en 2020.

« Anou favoriz formasion teknik e profesionel pou nou bann zen morisien. Ki nou met li lor mem nivo ki edikasyon akademik », avait lancé le cardinal Piat le 1er février lors de la messe pour commémorer l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage. En ce qu’il s’agit de l’avenir des jeunes et de celui du pays, il fait souvent mention dans ses interventions de la question de l’emploi et de l’importance de la formation professionnelle et technique, tout en souhaitant que les autorités accordent davantage d’attention à cette question.
Pour sa part, depuis au moins deux ans, le Service diocésain de l’éducation catholique (SeDEC) et ses proches collaborateurs réfléchissent à la manière d’apporter une réponse concrète aux besoins de formation des jeunes Mauriciens n’ayant pas les aptitudes nécessaires pour poursuivre leurs études dans la filière académique après le collège. « En parallèle avec nos projets pour l’amélioration de notre service au pays dans l’éducation primaire et secondaire, nous pensons qu’il faut aussi mettre en valeur et développer la filière de l’éducation technique. Nous avons le souci de préparer l’avenir des jeunes du pays. Le pays a besoin de bons techniciens, de bons ingénieurs et de bons ouvriers dans plusieurs secteurs. Les autorités doivent offrir la possibilité à un maximum de jeunes d’avoir la formation nécessaire et l’éducation catholique veut y apporter sa contribution », explique au Mauricien Gilberte Chung, directrice du SeDEC.

Mais l’Éducation catholique ne va pas vers l’inconnu. Le diocèse de Port-Louis est pionnier dans la formation professionnelle et technique à Maurice avec l’ouverture du Collège Technique Saint Gabriel, en 1974, l’établissement célébrant cette année ses 45 ans. Le SeDEC se dit de fait convaincu que cet établissement dispose d’un savoir-faire et d’atouts qui méritent d’être davantage exploités au profit du pays. C’est ainsi que l’éducation catholique, avec l’aide de plusieurs professionnels, a mis au point un plan de développement pour cet établissement et fait part de ses propositions dans un document intitulé « Expanding the offer of Technical Education ».

La direction du SeDEC met en exergue la durée du Collège Technique Saint Gabriel en soulignant les milliers de jeunes de toutes les régions du pays ayant fréquenté l’établissement pendant ces 45 ans. « Malgré ses difficultés financières, cette école continue d’être au service du pays et nous avons l’ambition maintenant de la développer en lycée professionnel menant à d’autres diplômes », confirme Gilberte Chung. Dans un proche avenir, l’école aura ainsi pour nom « Lycée professionnel Saint Gabriel ».
Le SeDEC demande cependant un soutien de l’État pour la mise en œuvre de ce plan de développement du Collège Saint Gabriel. Il a de fait envoyé une copie de son document au gouvernement pour soutenir cette demande. Et c’est de cela que le cardinal Piat est allé discuter hier au Prime Ministers Office.

L’Éducation catholique a fait une requête au ministère de l’Education pour que le « Collège Technique Saint Gabriel ait sa place dans l’éducation nationale », en faisant ressortir que dans le système secondaire, un enfant bénéficie de l’éducation gratuite jusqu’à ses 20 ans. Or, des jeunes ayant opté pour une formation technique après un passage au secondaire et qui ont choisi de se former au « Collège Saint Gabriel » doivent débourser pour leurs cours. « L’école se démène pour pouvoir aider les parents à payer cette scolarité tandis que les élèves dans les centres MITD bénéficient de la gratuité des cours », souligne ainsi la directrice du SeDEC.

Cette dernière fait remarquer que les centres MITD figurent parmi les institutions qui bénéficieront de la récente annonce du gouvernement s’agissant de la gratuité de l’enseignement tertiaire. Aussi l’Éducation catholique est d’avis que l’État « doit reconnaître le bon travail accompli » par le Collège Saint Gabriel depuis plus de 40 ans. « Régulièrement, les candidats de cette école sont parmi les premiers classés aux examens nationaux du MITD. Nous demandons que le Collège Saint Gabriel soit reconnu par l’État au même titre que les centres MITD. Notre demande à l’État pour un soutien repose sur le principe d’opportunités égales et de justice sociale pour tous les jeunes Mauriciens, indistinctement », explique Gilberte Chung.

De la même manière qu’il existe un partenariat de longue date entre l’État et le privé pour l’éducation primaire et secondaire, l’Éducation catholique souhaite également dans le secteur de la formation technique un partenariat État-privé. « Ce partenariat que nous demandons vise avant tout l’intérêt des jeunes et celui du pays », dit la direction du SeDEC.
Le SeDEC est quasiment prêt avec la mise en œuvre de son projet de « Lycée professionnel Saint Gabriel ». Selon la directrice du SeDEC, « nous avons déjà tout planifié et nous sommes prêts pour démarrer cette école technique sur de nouvelles bases en janvier 2020 ». Et d’ajouter : « Plus vite l’État considérera notre demande pour un soutien et mieux ce sera pour les jeunes qui demandent une place au Saint Gabriel et qui n’en ont pas les moyens financiers. »

Le SeDEC soutient que ce futur lycée professionnel cadre avec le Nine-Year Schooling. Ce plan de réforme propose aux élèves n’ayant pas les aptitudes de poursuivre dans la filière académique au secondaire un volet de formation technique. Le lycée proposera pour sa part plusieurs paliers de formation afin d’intégrer des enfants de divers niveaux : ceux qui quitteront le collège après la Grade 9, ceux qui quitteront après la Form IV et ceux après la Form V. « Depuis son ouverture, cette école technique prend des élèves de toutes les régions du pays et nous ne changerons pas cette politique. Le lycée professionnel sera ouvert à tout le monde », affirme sur un ton catégorique la directrice du SeDEC.

De l’ajustage mécanique à l’écologie pour le futur lycée professionnel

Le plan de développement du Collège Saint Gabriel concerne les infrastructures, le programme d’études, le recrutement et la formation du personnel. Le volet relatif aux cours a été le plus gros morceau dans les préparatifs car le SeDEC y a accordé une attention particulière, principalement pour ceux qui sont les plus demandés et qui répondent aux besoins du pays. L’Éducation catholique a bénéficié de l’apport d’institutions de la région pour élaborer son projet. Outre des collaborateurs sur le plan local, le SeDEC a établi des partenariats avec des institutions en Afrique, à Madagascar, à La Réunion et en France.

Ce futur lycée professionnel proposera des cours pour des métiers liés au bâtiment, à la mécanique, à l’électronique, à l’écologie et l’environnement, à l’agriculture ainsi qu’à la pêche. Actuellement, ce collège technique compte près de 200 élèves, mais le nouveau lycée pourra accueillir dans les cinq ans à venir 450 jeunes. D’ici dix ans, les promoteurs visent une population d’environ 900 élèves.

Pour la note historique, sachez que l’école doit son nom aux Frères de Saint Gabriel, congrégation française spécialisée dans le domaine de l’enseignement, dont celui de l’enseignement technique. Les premiers étudiants sont entrés au Collège Technique Saint Gabriel en septembre 1974 et, à l’époque, l’école offrait des cours dans une seule spécialité, celle de l’ajustage-mécanique. Mais depuis cette date, cet établissement, situé à Sainte-Croix, a parcouru un long du chemin d’une manière remarquable. Ses responsables s’apprêtent à ouvrir une nouvelle page de son histoire en 2020.

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