DEV SUNNASY
Président, SmartCitizen
Les Mauriciens de l’étranger sont pour la plupart des patriotes qui souhaitent contribuer aux différents secteurs socio-économiques du pays. À l’étranger pour diverses raisons – vie plus confortable et attrayante, études des enfants, meilleure opportunité de carrière fondée sur la méritocratie, entre autres –, bon nombre de citoyens se sont installés dans les pays dits plus démocratiques. Nombreux sont ceux qui suivent l’actualité locale avec plus d’ardeur et de passion que bon nombre de nos citoyens restés au pays.
J’ai eu l’occasion de rencontrer certains d’entre eux : ingénieurs, professeurs dans de prestigieuses universités, entrepreneurs, chercheurs, hauts cadres de la fonction publique, médecins et tous sans exception ont la fibre patriotique, très déçus cependant de voir leur pays végéter. Leur retour est très peu envisageable, hormis pour des raisons familiales et dans le cadre de leur retraite.
Pratiquement tous veulent participer à l’évolution de leur pays et apporter leur pierre à l’édifice mais sans trop savoir comment. J’en ai rencontré qui pendant leurs vacances donnent des cours gratuitement, participent à des activités sociales. Cependant, certains reviennent chaque année et repartent, sans espoir de retour définitif. Je me demande ce qu’a apporté le « Diaspora Scheme » de la BOI/EDB. Les données sont toujours inaccessibles – « Secret de nos gouvernements ».
Combien de nos compatriotes se sont exilés à l’étranger par manque de confiance, entre autres. Aucun chiffre, ne serait-ce qu’approximatif, n’est publié, voire consultable. Est-ce important d’effectuer ce genre de recensement ? Que représente notre diaspora pour les 50 ans d’indépendance de notre pays ? Quel est le chiffre officiel?
Économiquement, nos citoyens de l’étranger sont toutefois prêts à participer au développement du pays. Ne serait-il pas grand temps de « reboot » nos stratégies politiques en ce sens ? Ne sommes-nous pas à l’ère de la réforme électronique pour pallier ce manquement?
Certains pays ont mis en place des Diaspora Bonds ou Sovereign Diaspora Funds. Le Nigeria, l’Ethiopie, le Népal ont entrepris leur modèle de Diaspora Bond en investissant dans les secteurs prioritaires et prédéfinis.
À Maurice, on pourrait réfléchir à un Poverty Fund, Sports Support Fund, Advanced Education and Research Fund… Nos compatriotes spécialisés dans ces domaines pourraient y participer financièrement et en tant que ‘board members’ faire un suivi via vidéo-conférence, apporter leur expertise et expérience …
Dans plusieurs pays avancés, les citoyens de l’étranger votent pour les élections. En France, par exemple, des députés représentent les Français de l’étranger par région. Pourquoi ne pas avoir notre député mauricien pour nos compatriotes qui vivent à l’étranger, comme proposé par le jeune Loïc Ahnee de la plateforme ‘Anou voté’, avec une circonscription ‘Mauriciens de l’étranger’? Il faudrait toutefois poser quelques conditions : détenteur d’une carte d’identité nationale et/ou passeport mauricien, famille vivant à Maurice, que sais-je ? Ils seront ainsi partie prenante et leurs voix seront entendues.
À l’ère des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle nous sommes en retard de plusieurs décennies. Au lieu d’appliquer des stratégies de division, pourquoi ne pas penser à l’unification pour le bien commun ?
Voter par internet est monnaie courante pour les pays progressistes. Actuellement, une quinzaine de pays votent par le biais électronique. Le plus avancé est l’Estonie, 1.3 million d’habitants. l’Estonie vote via Internet depuis 2005; en 2017, pour les dernières élections, plus de 30% de ses votants ont utilisé Internet.
En investissant sur un ‘i-voting system’, on pourrait faire autant de référendums que nécessaire sur la dépénalisation/légalisation du gandia, ou encore sur un projet/une loi polémique. Mais, ‘aret reve mam’…
Pourquoi notre diaspora ne participerait-elle pas dans ce genre de projet ? Y a-t-il la confiance qui motiverait notre diaspora? Sans transparence, pas de confiance. Trust is all we need.