Financer entièrement trois années de bachelor pour 24 étudiants, provenant de milieux défavorisés, dans une des plus prestigieuses écoles en hôtellerie de l’île. C’est le pari fou que s’est lancé cette année Renaud Azema, Managing Director, que Week-End a rencontré à Medine la semaine dernière, au siège de la Vatel International Business School Hotel & Tourism Management School.
L’idée lui est venue à bord d’un avion, en rentrant d’un voyage en Afrique. Renaud Azema
est un véritable passionné. Il nous raconte que c’est en lisant le livre Comment changer le monde de David Bornstein que le déclic s’est produit. « J’ai souhaité mettre en place un programme lift pour identifier et aider les étudiants qui n’ont pas forcément les mêmes chances que la majorité de nos étudiants. Ils suivront comme leurs camarades le programme de Bachelor Vatel, International Hotel Management, pendant trois années complètes », explique Renaud Azema. Selon lui, ce projet expérimental de lift a toutes ses chances de réussir et estime que le « retour sur investissement » sur le plan humain sera d’autant plus gratifiant.
« L’on dit souvent que le tourisme est un ascenseur social », dit-il en expliquant que ce programme entièrement financé par Vatel aidera ces jeunes à se sortir de leur milieu et par ricochet permettra à leur entourage d’accéder à une certaine élévation sociale. « Les petits frères ou les petites cousines prendront pou exemple cet étudiant qui réussit et seront motivés à faire pareil », relate Renaud Azema. « Nous avons envie d’attirer ces jeunes-là chez nous et de priver au monde qu’ils ont la même capacité de réussite que d’autres plus fortunés. »
« On exige sur le retour »
Ainsi, une classe spéciale sera mise en place à partir du 9 avril. « Nous avons souhaité faire une classe différente, car nous sommes bien conscients que ces jeunes requièrent une attention particulière. Aussi, ils n’auront pas les mêmes problématiques que nos autres étudiants de l’école, encore une fois plus aisés », dit-il. Ce groupe homogène de 24 étudiants sera ainsi amené à « s’élever tous en même temps et de la même manière. »
Attention, même si Renaud Azéma espère trouver des perles rares qu’il interviewera lui-même, il précise que ces trois années ne seront pas de tout repos. « Nous attendrons encore plus de cette promotion.
Les étudiants seront obligés de dire oui aux exercices de formation, par exemple. On exige sur le retour. Ils n’auront pas le choix, je ne veux pas leur donner d’options car l’échec n’en est pas une », dit-il, esquissant un large sourire.
En effet, Renaud Azera est un fervent partisan de la discipline et de la tolérance zéro, qu’il a héritées de son père militaire et de sa mère enseignante. Il soutient que cette rigueur au travail permettra à ces jeunes de s’élever plus rapidement. Néanmoins, ce passionné de voyages a ce petit quelque chose de paternel envers ses étudiants. Une proximité qui lui a permis de mieux les comprendre pour les faire avancer dans la vie et pour faire avancer l’école en même temps.
Une discipline de vie qui a d’ailleurs forgé de nombreux bons éléments de la Vatel School. Renaud Azema se rappelle de chacun d’entre eux et mentionne au passage Adam Ramsahye, qui travaille désormais pour Paul Bocuse et qui passera dans deux semaines dans l’émission Sept à Huit sur TF1. Étudiant brillant, il complète avec brio ses trois années de Bachelor à Vatel et complète son Master dans la même filière. « Ce jeune est une inspiration pour tous », dit fièrement Renaud Azema. Il nous parle longuement d’autres success-stories qui pourraient aider des jeunes comme eux à réussir dans la vie et surtout dans ce secteur dynamique.
En sus de cette classe spéciale que Renaud Azema constituera lui-même après s’être entretenu avec les jeunes, la Vatel School recrutera deux autres classes de 24 toujours, pour la première rentrée en avril. Il nous explique ainsi que l’univers de l’hôtellerie a énormément de choses à offrir, mais que les jeunes Mauriciens sont mal informés et affirme qu’il n’y a pas assez de demandes. « Pourquoi ne nous laisse-t-on pas entrer dans les écoles pour leur parler, pour leur expliquer ce que veut dire l’hôtellerie ? » se demande-t-il. « On ne valorise pas assez ce métier », déplore-t-il. Le Managing Director ajoute par ailleurs que le niveau d’employabilité de ses étudiants est largement plus élevé que celui des autres institutions. « À Vatel, on travaille pour avoir un emploi, une reconnaissance », conclut-il.
Citant Confucius et le besoin de travailler dur et d’aimer son travail, Renaud Azema, qui a « repris on bâton de pèlerin pour faire le tour du monde », espère que ce projet de lift sera un succès. « Je veux les voir dans trois ans le jour de leur graduation pour leur remettre fièrement leur diplôme. Je sens que ce sera un succès et, si tel est le cas, nous le referons dans les années à venir avec l’aide, nous espérons, de sponsors et de partenaires », dit-il.
Rappel des critères
Pour être éligible au programme de “lift” de la Vatel School, le candidat devra voir un full HSC, peu importe la filière, et doit venir d’une famille avec des revenus de moins de Rs 20 000. Le candidat sera ensuite appelé à faire un texte de personnalité, à soumettre un dossier et à passer deux à trois entretiens avec le directeur lui-même. « Je cherche l’étincelle chez ces jeunes-là », dit-il, en espérant qu’il pourra recevoir encore plus de candidats jusqu’a la clôture des demandes de candidatures le 31 mars.