lle ne le sait que trop bien ce que vivent certains enfants. Bindya Bheenick, jeune étudiante en comptabilité à l’université de Maurice, est paraplégique depuis maintenant sept ans. Au travers de la Global Rainbow Foundation, elle a souhaité témoigner pour ces enfants en situation de handicap qui, comme elle, ont souffert ou souffrent encore en silence.
Elle ne le sait que trop bien ce que vivent certains enfants. Bindya Bheenick, jeune étudiante en comptabilité à l’université de Maurice, est paraplégique depuis maintenant sept ans. Touchée par l’histoire de Preety Daby (voir plus loin), au travers de la Global Rainbow Foundation, elle a souhaité témoigner pour ces enfants en situation de handicap qui, comme elle, ont souffert ou souffrent encore en silence.
Comme Jane Constance, dans sa lettre envoyée à la ministre de l’Éducation la semaine dernière, Bindya Bheenick plaide pour une amélioration des infrastructures et des facilités offertes aux enfants en situation de handicap. Néanmoins, au-delà de ces difficultés logistiques, la jeune fille nous fait part d’un tout autre combat : celui de l’acceptation de soi. Un obstacle qu’elle a pu surmonter grâce à sa famille et à l’aide de plusieurs bon samaritains qui n’ont jamais perdu espoir en elle.
« Je ne savais plus quoi faire de mon avenir, de mon demain. C’est cette incertitude qui me taraudait et qui me rendait malheureuse, mais maintenant je sais », confie Bindya Bheenick. Dans son salon à Camp Fouquereaux, la jeune fille respire la joie de vivre, dans ce même salon où elle a passé ses examens de SC et de HSC avec maestria.
Il y a pourtant quelques années, Bindya ne sortait plus de chez elle et ne voulait plus parler aux autres. « Je n’étais pas encore prête », dit-elle timidement. Alors que tout lui souriait, elle fait un tragique accident et se retrouve en fauteuil roulant. « J’ai eu mon accident en 2011 à la maison et depuis je ne suis plus jamais retournée à l’école », avance-t-elle.
En effet, c’est en 2011 que Bindya, alors étudiante en Form IV à Sodnac SSS, devient paraplégique. « J’ai dû refaire ma Form IV, mais je ne pouvais pas aller à l’école. Mes parents ont alors tout fait pour que j’apprenne de chez moi et mes professeurs m’ont aidée à distance. Je faisais mes devoirs et ils les corrigeaient », dit-elle. Cette dernière nous raconte que c’est sa famille qui l’a aidée à continuer ses études. « Ma mère était la première à s’en rendre compte. Elle voyait que j’étais malheureuse à la maison. Elle en a donc parlé à mon père et, depuis, ils ont frappé à toutes les portes pour m’aider à réussir et n’ont jamais arrêté. »
Envers et contre tout, elle passe ses examens de Form V en parfaite autodidacte. « C’était très dur, parce qu’il n’y avait pas de professeurs avec moi, mais mon frère m’aidait pour les maths ou la comptabilité. J’avais aussi une prof de maths, Fizza Bheekhoo, qui se déplaçait pour venir me voir à la maison », soutient la jeune fille. « J’étais persuadée que je n’allais pas réussir et pourtant… Je me souviens du jour de mes résultats. Je stressais à la maison, en attendant mon père arriver du collège avec le result slip. Mais quand j’ai vu que j’avais obtenu 21 unités, j’ai fondu en larmes », confie-t-elle, le sourire jusqu’aux oreilles. « Je n’avais même pas complété le syllabus. »
« Former les jeunes diplômés chômeurs à l’enseignement à domicile »
C’est à cet instant qu’elle décide de ne plus lâcher prise et de continuer d’avancer. En 2014, elle décide d’entamer des démarches pour le home schooling. Bien conscient que le HSC demandait plus d’attention, son père fait le va-et-vient au ministère de l’Éducation jusqu’à ce qu’il rencontre Aneeraw Succaram, alors responsable de la section Special Education Needs (SEN) au ministère et fondateur de l’Association des parents des déficients auditifs (APDA). « Il est celui qui nous a aidés en premier et d’ailleurs il le fait encore », dit-elle, le sourire aux lèvres.
Commence alors une nouvelle aventure avec trois jeunes préceptrices. « C’était difficile au départ, car cela faisait longtemps depuis que je n’avais pas suivi de cours avec un enseignant. J’appréhendais beaucoup, mais tout s’est très bien passé », avoue-t-elle. « Elles étaient jeunes comme moi et les cours se passaient très bien. » Bindya suit ainsi des cours de hindi avec Asha Sookaye, d’accounting avec Henna Awmee et Neelufar Zarah, et de français avec une autre jeune enseignante. Après une année de cours, elle réussit ses examens haut la main. « J’étais seule dans la chambre devant mon écran d’ordinateur. Lorsque j’ai eu mes résultats, je suis restée de marbre, et ce n’est que 15 minutes après que je l’ai dit à mes parents. Je voulais être sûre que c’était bien vrai ! »
En effet, selon elle, le home schooling pourrait être une des solutions pour aider ces enfants à réintégrer une salle de classe. « Il y a beaucoup de jeunes diplômés chômeurs au pays, l’on pourrait les former à l’enseignement à domicile. Cela aiderait les enfants dans un premier temps à passer le cap et à mieux s’accepter », dit-elle. « Cela profiterait à la fois aux enfants en situation de handicap et aux jeunes diplômés », soutient-elle.
Elle le dit haut et fort : « L’éducation m’a sauvée ! » En sus de lui offrir un avenir, elle lui a aussi redonné la joie de vivre. « J’ai pris le courage de sortir de chez moi. Cela a été très dur pour moi, mais je ne le regrette pas. L’université est un expérience formidable », dit-elle. Bindya Bheenick pense travailler, mais ne veut plus rester cloîtrée chez elle. Avec le soutien de sa famille, d’APDA et de Transinvest Construction où travaille son père, elle continue d’avancer. « Je veux aussi aider ceux qui sont comme moi, je veux leur dire que la vie ne s’arrête pas là et qu’il faut toujours essayer et continuer sans s’arrêter. La vie est belle dehors », conclut-elle.