Elle a marqué son temps et laisse derrière elle des souvenirs indélébiles. Laure Pillay, qui est devenue la première femme magistrate du pays en mars 1967, s’est éteinte à l’âge de 100 ans. Cette femme pleine de ressources, qui a connu une riche carrière dans le judiciaire, a rendu son dernier souffle dans la matinée du mercredi 19 juillet. Ses funérailles ont eu lieu aujourd’hui en présence de ses proches et amis.
Laure Pillay, née Venchard, était l’aînée d’une fratrie de 11 enfants. Elle est née le 16 mars 1917. Enfant, elle a fréquenté l’école Champ-de-Lort. Après avoir réussi sa scolarité secondaire, elle quitte Maurice en 1938 pour des études supérieures en médecine, à Londres, tout en travaillant au Royal Free Hospital. Laure Pillay se retrouve à Londres alors que la Seconde Guerre mondiale a éclaté, mais cela ne l’empêchera pas de réussir ses deux premières années de médecine. C’est à cette période qu’elle fera la rencontre de son époux Rabindra Pillay, et ils se sont mariés en 1943. Elle donnera naissance à une fille en 1944 et après la guerre, elle retourne vivre à Maurice, dans la maison familiale, rue St-Louis, à Port-Louis.
Laure Pillay a enseigné les langues au collège Bhujoharry avant de décider de reprendre ses études. Cette fois, elle se tourne vers le droit. Elle sera admise au Lincoln’s Inn et en 1955, elle sera reçue au barreau avant de regagner Maurice. La même année, elle prête serment comme avocate.
En mars 1967, elle marque l’histoire en devenant, à l’âge de 50 ans, la première femme magistrate du pays. Elle est appelée à siéger au tribunal de Moka puis à Port-Louis, Mapou et Flacq et est nommée par la suite “Senior Magistrate”.
Lors de sa carrière, elle a été sur de nombreux fronts. En avril 1956, elle est choisie pour représenter Maurice à des séminaires organisés à l’intention des pays sous-développés d’Afrique et en Allemagne de l’Ouest. Laure Pillay a participé aux travaux d’une conférence qui avait pour thème « La femme dans la profession et la politique ». Elle est vue par ses proches comme une féministe qui s’est battue pour la cause des femmes victimes de violence domestique. Elle a aidé à fonder la Mauritius Family Planning Association en 1957. En juillet 1986, alors que la Commission d’enquête sur la drogue est instituée avec comme président sir Maurice Rault, Laure Pillay est sollicitée pour siéger en tant qu’assesseure. Elle a alors exercé à l’Industrial Relations Commission dans les années 90. Elle avait emménagé dans un appartement à Port-Louis après avoir perdu son époux en 1992. Laure Pillay a eu trois enfants, soit deux filles et un garçon, ainsi que cinq petits-enfants et sept arrière-petits-enfants. Ses funérailles ont eu lieu cet après-midi aux Salines.
JUDICIAIRE : La première femme avocate et magistrate tire sa révérence
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