TOURISTIQUE: Menace de grève des employés de Sun Resorts

La Hotel & Restaurants Employees Union (HREU) lance un ultimatum au groupe Sun Resorts. Les syndicalistes menacent d’entamer une grève en décembre si les représentants de ce groupe continuent de refuser de se joindre à la table des négociations, en vue d’une augmentation de 20 % du salaire des employés. Le syndicat prévoit également une distribution de tracts sur les plages où se situent les hôtels du groupe Sun, afin de dénoncer le salaire « dérisoire » que touchent les travailleurs de l’établissement. Menée par Jack Bizlall, la HREU a rencontré la presse, la semaine dernière, pour exprimer ses griefs concernant la situation du tourisme à Maurice. Dénonçant « l’amateurisme avec lequel le gouvernement gère le secteur touristique », la HREU réclame un audit dans le secteur hôtelier et touristique de l’île. Une lettre en ce sens a été envoyée aux ministres du Tourisme, des Finances, ainsi qu’au Premier ministre.
L’attitude de la direction de Sun Resorts, qui refuse de payer convenablement ses employés, provoque la colère des syndicalistes. « Et encore plus en raison du refus de la direction de s’assoir avec les syndicats à la table des négociations », déplore Jack Bizlall. « Alors que les touristes dépensent une fortune pendant leur séjour dans ces hôtels, et qu’ils recherchent une bonne qualité de service, de l’amabilité et de la gentillesse des Mauriciens, ils ne sont sans doute pas au courant du salaire de misère que reçoivent les employés de ce groupe », dit le syndicaliste. Lasse du comportement de Sun Resorts envers ses employés qui réclament depuis plusieurs années une hausse salariale, et révoltée de la non-participation du groupe à la table des négociations, la HREU envisage de laisser éclater la vérité auprès des touristes. « Exactement comme nous avons fait dans le passé chez Beachcomber, nous allons distribuer des tracts aux touristes pour leur montrer que nos salaires sont moins que les pourboires que reçoivent les employés en Europe, par exemple », explique Jack Bizlall.
La collaboration du ministère du Travail
Il lance ainsi un ultimatum à Sun Resorts de revenir à de meilleurs sentiments en entamant des discussions avec le syndicat. Autrement, un mouvement de grève sera déclenché en décembre. Cet ultimatum de deux mois est posé, laissant à la direction le temps de revoir sa position et répondre aux requêtes syndicales d’ici la fin du mois de septembre. « Au cas contraire, nous allons déclaré litige, avant d’enclencher les procédures pour la grève », explique le syndicaliste. Estimant que c’est à l’État de ramener le groupe Sun à la raison, Jack Bizlall demande également au ministre du Travail, Shakeel Mohamed, de déléguer un représentant de son ministère pour participer à ces négociations tripartites, si, toutefois, Sun Resorts s’y conformait. Dans le même élan, le syndicat réclame la création d’un fonds de pension comme c’est aujourd’hui le cas au sein du groupe Beachcomber.
L’industrie touristique subie le double effet de la crise
Commentant la situation dans le secteur du tourisme, Jack Bizlall se dit très inquiet quant à l’avenir. Selon lui, « depuis 2008, l’industrie traverse une période à la fois d’incertitude et d’anarchie ». « En raison de la crise dans les pays développés, les touristes ont changé leurs habitudes de voyager. Aujourd’hui, soit les touristes ne voyagent plus, soit ils choisissent les pays les plus proches de leur région », dit-il. Les régions touristiques les mieux prisées sont celles des pays du Maghreb, indique Jack Bizlall, en raison de la baisse des prix de ces destinations. Sans compter qu’aujourd’hui, avec le changement climatique, la Méditerranée est devenue une région où il est autant agréable de passer des vacances que dans les pays tropicaux, dit-il. Ainsi, selon le syndicaliste, Maurice est en train de subir le double effet de la crise économique mondiale. « Outre le changement d’habitude des voyageurs, il y a aussi la pression sur l’euro qui affecte le taux de revenue de notre industrie touristique dans son ensemble », fait ressortir le porte-parole de l’union. Ce dernier déplore également que la compagnie d’aviation nationale, Air Mauritius, soit tributaire de l’industrie touristique. « Jusqu’ici, MK n’a pas établi une orientation de ses opérations et au lieu d’être une compagnie autonome, elle est organiquement liée au secteur touristique », estime Jack Bizlall.
Il souligne également qu’en plus du débalancement causé dans l’industrie touristique par le changement d’habitude des voyageurs, avec notamment un recul de la clientèle habituelle dans le nombre d’arrivées, en interne, l’industrie touristique se porte au plus mal. « Le développement touristique se fait de telle manière que nous constatons des agrandissements d’hôtels, mais aussi une hausse dans le nombre de pensions de famille qui se prédestine à la clientèle touristique. Cela se fait de façon si anarchique qu’il y a un débalancement à la fois dans la vie de la population mauricienne, car cela provoque une hausse du coût de la vie, mais aussi au niveau des hôtels, eux-mêmes, qui, en raison de la concurrence, ne parviennent plus à maintenir leur clientèle habituelle », estime Jack Bizlall. Selon lui, cette situation est due à l’amateurisme du gouvernement dans la gestion de ce secteur. « Il est grand temps que les autorités y remettent de l’ordre », dit-il.
Dans cette optique, il réclame, d’abord, un audit de l’industrie dans son ensemble, afin que non seulement la tendance du marché touristique soit prise en compte, mais aussi le développement dans le secteur et son impact sur la population mauricienne et les travailleurs. La HREU a fait parvenir une lettre aux ministres du Tourisme, Michaël Sik Yuen, au ministre des Finances, Xavier Duval, ainsi qu’au Premier ministre pour que cet audit soit effectué au plus vite. « Il est plus que nécessaire d’évaluer divers facteurs de ce secteur clé au risque de voir se dégénérer la situation. La révision des salaires et des conditions d’emploi est devenue primordiale », dit-il. La HREU lance également un ultimatum aux autorités. « Si jusqu’à la fin d’octobre, rien n’est entrepris, nous prendrons les actions syndicales qui s’imposent », indique Jack Bizlall.

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