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LE FAIT DE LA SÉANCE DU QUESTION TIME: Le cancer fait taire les clameurs

Les ravages du fléau du cancer au sein des familles mauriciennes ont fait taire les clameurs au sein de l’hémicycle lors de la séance du Question Time d’hier après-midi. Pourtant, quelques secondes plus tôt, le Speaker Kailash Purryag avait eu toutes les peines du monde pour ramener le calme après de vifs échanges de propos entre le député du MMM Joe Lesjongard et le ministre du Travail et des Relations industrielles Shakeel Mohamed (voir texte plus loin). La PQ inscrite au nom du député du MMM Steve Obeegadoo sur l’évolution du fléau du cancer au cours de ces vingt dernières années s’est déroulée dans une ambiance quasi religieuse compte tenu de l’urgence et de la gravité du problème. Le nouveau ministre de la Santé, Lormesh Bundhoo, a ouvert ses dossiers aux parlementaires même s’il s’est fait prendre par rapport au manque criard de ressources dans le domaine de la Santé publique pour faire face à la situation. Face aux interpellations supplémentaires à ce sujet, il n’a pu que répondre qu’il doit consulter ses dossiers avant de venir de l’avant avec des réponses.
Répondant à l’interpellation du député Steve Obeegadoo, le ministre de la Santé a déposé sur la table de l’Assemblée nationale une série de graphiques portant sur le nombre de cas de cancer enregistrés à Maurice au cours de ces 20 dernières années. Ainsi, au cours de cette période, la situation est la suivante pour l’ensemble du pays :

« The following trends have been noted over the past twenty years : overall, for all types of cancer registered between 1991 and 2010, the total number of reported cases has risen by 60 %. This represents an increase of 58 % in men and 61 % in women », a ajouté le ministre Bundhoo.
L’analyse des statistiques par sexe indique que l’incidence du cancer du col utérin (Cervical Cancer) a régressé de 50 %, ce qui semble être la tendance sur le plan mondial. Par contre, le nombre de cancers du sein a progressé de 60 % et le cancer colorectal est en hausse de 66 %. Dans ces deux derniers cas, l’évolution de la situation à Maurice reflète celle sur le plan international.
Chez les hommes, le cancer de la prostate et le cancer colorectal continuent à faire des ravages avec une progression de 73 % et de 75 % respectivement. Le nombre de cas de cancer du poumon a connu une baisse de 9 % au cours de la même période.
Face à ces statistiques qui suscitent des appréhensions, le ministre de la Santé a voulu se montrer rassurant. « The increasing trends for the above mentioned cancers are in keeping with those seen internationally. However, there is a brighter side too in spite of the increasing trends for some types of cancer. Our data indicates very much improved survival due to early detection and management, that is the mortality rate is decreasing », a-t-il fait comprendre dans sa réponse liminaire.
« The result of unhealthy lifestyles »
Lormesh Bundhoo s’est appuyé sur un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé en date du 1er avril 2008 pour baliser le fléau du cancer au cours des 20 prochaines années. Ce rapport note que « the number of new cases of cancer are expected to rise by about 45 % between 2007 ». Il cite également les principaux facteurs de risques, en l’occurrence le tabagisme, l’obésité et l’alimentation, l’abus de boissons alcoolisées, l’absence d’activités et d’exercices physiques, les maladies sexuellement transmissibles, et les « occupational carcinogens ».
Les experts de l’OMS avancent qu’il faut prendre en compte un délai de 20 à 30 ans entre l’exposition à ces facteurs de risques et le développement des différents types de cancer. « Therefore, the present situation regarding the increased incidence of cancer worldwide is the result of unhealthy lifestyles of the populations over the last decades », a renchéri le ministre.
À la suite d’un atelier de travail organisé en 2006, un National Cancer Control Programme et un plan d’action pour la période allant de 2010 à 2014 avaient été élaborés avec accent sur le diagnostic, le traitement et la prévention. Dans le domaine du diagnostic, le ministre a fait état des programmes de formation pour les membres du personnel des hôpitaux affectés au Cancer Ward, de la tenue d’un atelier de travail sur la « new breast cancer surgical technique » cette année à l’intention des chirurgiens et l’installation d’une nouvelle Gamma Camera au département de médecine nucléaire à l’hôpital Jawaharlall Nehru pour améliorer le potentiel dans le diagnostic du cancer.
Au chapitre du traitement, le ministre est revenu sur un nouveau Children’s Cancer Ward à l’hôpital Victoria, une nouvelle Colposcopy Unit dans ce même hôpital aussi bien qu’une autre au Sir Seewoosagur Ramgoolam National Hospital et de nouveaux médicaments.
Toute une série de mesures sont également prévues sur le plan de la prévention, dont un plan d’action national pour lutter contre le tabagisme et pour encourager les fumeurs à abandonner la cigarette, des campagnes pour encourager de nouveaux modes de vie que ce soit sur le plan nutritionnel ou des activités physiques et une campagne de dépistage dans tout le pays. Le ministre de la Santé indique que de septembre 2008 à septembre dernier, 278 000 personnes ont subi des tests de dépistage en sus des quelque 96 500 élèves et étudiants auscultés. « Yoga, aerobic and physical activity classes are being conducted in nine fully equipped health clubs and in 65 other localities. Cancer awareness campaigns are being strengthened and scaled up », a-t-il ajouté en faisant état des conclusions de la 33e conférence annuelle de l’International Association of Cancer Registries, qui s’est déroulée à Maurice la semaine dernière.
« International experts on cancer have had the opportunity to review with their local counterparts about the cancer situation in Mauritius and measures being taken. They have made a number of recommendations which will be examined and considered for implementation », a déclaré le ministre Bundhoo avant la tranche des interpellations supplémentaires. Des applaudissements de la majorité ont marqué la fin de sa réponse.
Équipements obsolètes
Obeegadoo : Je ne comprends pas trop à quoi servent ces applaudissements. Tout ce que je sais en prenant connaissance des chiffres révélés par le ministre de la Santé, c’est que le cancer a pris des proportions épidémiques à Maurice et dans le monde. Je suis d’autant plus inquiet quand je constate les moyens qui sont à notre disposition pour faire face à ce fléau. Le ministre peut-il confirmer que le ministère de la Santé ne dispose des services que d’un unique oncologue pour s’occuper de tous ces cas, qu’il n’y a que neuf mammographes pour le dépistage du cancer du sein à Maurice, que nous disposons que d’une unité de médecine nucléaire et d’un seul Linear Accelerator ?
Bundhoo : Cancer is much above party politics. Le Premier ministre s’est engagé personnellement dans ce domaine. Nous avons élaboré un programme de prévention…
Obeegadoo : Ma question est simple. Peut-il confirmer si le ministère ne dispose des services que d’un seul oncologue. Sinon, de combien ?
Bundhoo : I am not in a position to confirm.
Bérenger : Le ministre peut-il révéler le nombre de patients mauriciens, souffrant de cancer, qui ont dû se faire soigner à l’étranger l’année dernière ? Qu’en est-il de ces patients qui ne disposent pas de moyens financiers nécessaires pour encourir ces dépenses ?
Bundhoo : Je ne dispose pas de statistiques sur le nombre de cas de traitement à l’étranger. Nous avons pris des mesures pour aider les cas dans le besoin…
Satish Boolell : Le ministre envisage-t-il de décentraliser les services de traitement du cancer à travers l’île en éliminant la Sub-Standard Unit en opération ? À l’occasion de la récente conférence internationale, patients were moved to fancy wards, not to lose face.
À ce stade, le député du MSM Nando Bodha intervient pour évoquer les relations de cause à effet entre les habitudes alimentaires et le cancer.
Bhagwan : Le ministre peut-il révéler l’importance et le nombre de Palliative Care Consultants disponibles ?
Bundhoo : We are doing the needful.
La nouvelle Deputy Chairman of Committees, Nita Deerpalsing, plaide en faveur d’un accompagnement psychologique des patients souffrant de cancer. L’ex-ministre de la Santé Maya Hanoomanjee évoque la nécessité de décentraliser les services de chimiothérapie. Pour sa part, la députée du MMM Françoise Labelle parle de la campagne de vaccination contre le cancer du col utérin.
Ganoo : Le ministre est-il satisfait des retombées de la campagne de prévention contre le cancer du sein ?
Bundhoo : Aucun gouvernement et aucun ministre de la Santé ne peuvent être satisfaits du niveau des services de santé.
Ribot : There is no apparatus to detect bone cancer ?
Bundhoo : I would need notice to answer this question.
Li Kwong Wing : Les équipements disponibles dans le service de santé pour le traitement du cancer sont obsolètes et en retard d’au moins trois générations. La conséquence directe est que les pannes sont fréquentes avec le renvoi régulier des séances de traitement. Que compte faire le ministre ?
Bundhoo : Nous avons déjà fait le nécessaire depuis que l’honorable membre a attiré mon attention sur ce problème il y a quelque temps. Nous allons accorder le maximum de soutien.
Obeegadoo : To go from theoric to reality, peut-il savoir ce qu’il en est de la campagne de vaccination en vue d’une prévention ? Le nombre de patientes souffrant de cancer du sein a plus que doublé au cours de ces dix dernières années. Les neuf mammographes ne suffisent plus pour la campagne de détection…
Bundhoo : C’est la priorité déclarée du Premier ministre… Nous avons même un programme à l’intention des filles âgées de 11 ans et plus.

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