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Relations industrielles: Vers un affrontement syndicats/employeur à la CWA ?

En semblant prendre partie — dans la pratique — pour la direction de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) en refusant d’intervenir afin que Rehana Ameer retrouve son poste à la station de radio-télé nationale, et ce, en dépit du rapport de l’ex-magistrat Denis Vellien qui a cloué le directeur-général Dan Callikan, le gouvernement a déjà pris le risque d’une grave crise, avec l’annonce d’une grève de la faim, qui va définitivement pourrir la situation sociale dans le pays à partir du 9 décembre prochain. Mais comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement est en train de permettre qu’un deuxième affrontement syndicats/employeur ait lieu au sein, cette fois, de la Central Water Authority…
Le board de direction de la centrale des eaux cherche, en effet, à obtenir par tous les moyens la tête du président de l’Union of Employees of the CWA (UECWA), Iswarduth Guness. Le board de direction supporte très mal l’activisme de ce leader syndical, qui, avec l’ensemble des membres de son union et ceux de l’autre syndicat représentant les Meter Readers, a engagé un long combat pour, selon eux, assainir l’institution.
M. Guness et les deux syndicats représentant l’ensemble du personnel de la CWA (l’UECWA et l’Union of Meter Readers of the CWA) n’ont cessé, depuis plus de deux ans, de remettre en question des membres du board, des directeurs de section et des hauts cadres, responsables, selon eux, de la mauvaise gestion de la corporation. Les deux syndicats ont été en première ligne pour dénoncer, entre autres, le récent scandale de l’octroi d’un contrat pour la fourniture de chlore et l’entretien de cylindres à la firme Desbro Ltd. Après la décision de l’Independant Review Panel (IRP) d’annuler ce contrat pour causes d’irrégularités, les deux syndicats ont même fait leur propre enquête dans cette affaire et ont soumis leurs conclusions à la Commission indépendante contre la corruption (l’ICAC). Las d’attendre que l’ICAC fasse la lumière sur le rôle qu’auraient joué dans l’octroi du contrat certains hauts cadres, des membres du board et des représentants de divers ministères, les deux syndicats avaient adressé un ultimatum au vice-Premier ministre et ministres des Services Publics, Rashid Beebeejaun, lui donnant jusqu’à mercredi dernier pour qu’il intervienne et discute, entre autres sujets, de la révocation d’un des membres du board, Pravin Ramessur. Faute de quoi, le ministère lui-même serait passible de poursuites légales pour complicités possibles avec certaines pratiques au sein de la corporation. Selon les deux syndicats, tout en ayant accusé réception de la lettre résumant l’ultimatum, le ministère des Services Publics ne leur a pas encore accordé de rencontre.
« A matter of days »
Il faut cependant noter qu’en réponse à une question parlementaire du Whip de l’Opposition, Rajesh Bhagwan, mardi dernier, le VPM Beebeejaun a annoncé « qu’un remplacement du board de la CWA est imminent ». Sans préciser de date, le VPM a dit que ce remplacement aura lieu « cette semaine ou la semaine prochaine, parce que, après la nomination du Chairman, il y a d’autres nominations qui prennent fin, and we are going to change, as well, this gentleman ». Par le terme « this gentleman », le VPM désignait Pravin Ramessur, bien que Rajesh Bhagwan a pris soin de ne mentionner que ses initiales (P. R). À l’insistance du Whip de l’Opposition pour qu’il s’assure que M. Ramessur ne participe à aucun board meeting en attendant son remplacement, le VPM s’était contenté de répondre : « As I said, it is a matter of days. »
Mais malgré les assurances données par le VPM, le board de la Central Water Authority parait bien résolu à sanctionner le syndicaliste Iswarduth Guness, dont le parcours démontre qu’il serait un véritable poil à gratter au sein de la corporation. Ainsi, faute de pouvoir l’attaquer sur sa performance au travail et sur ses dénonciations dans l’affaire du contrat à Desbro, le board l’a traîné, cette semaine, devant un comité disciplinaire sous prétexte qu’il (Guness) aurait dévoilé des informations internes à la presse. Plus précisément, sur son refus d’être interviewé par un panel présidé par Pravin Ramessur au cours d’un exercice de promotion au poste de Higher Executive
La détermination de l’actuel board de la CWA de se débarrasser du syndicaliste Guness serait telle qu’un illustre conseiller légal de la corporation s’est même cru autorisé à solliciter personnellement un journaliste, afin que ce dernier apporte son aide et témoigne devant le comité disciplinaire, pour indiquer que c’était le syndicaliste qui lui avait refilé des informations. Une tentative de fishing for evidence que le journaliste a, évidemment, repoussé, conformément à son éthique.
D’aucuns pensent que le VPM Beebeejaun a tout intérêt à passer rapidement de la parole aux actes, si le gouvernement souhaite éviter un affrontement industriel en remettant les compteurs à plat, avant la hausse des tarifs annoncée de 35% à partir de janvier prochain.

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