Le Guide - Législatives 2024

ÉCOLOGIE: La mal-aimée du Coin-de-Mire

Une liane sans feuille qui prend racine entre les roches, couvre les falaises de sa chevelure hirsute… La Cynanchum scopulosum offre ce surprenant spectacle aux visiteurs du Coin-de-Mire, cet îlot qui compte parmi les plus dégradés de Maurice d’un point de vue écologique. Ailleurs, des Cynanchum, appelées aussi « liane sans feuilles » ou « liane calée » ont souvent été arrachées en raison de leur toxicité, même parfois dans des aires protégées, ce qui fait des quelques mètres carrés de falaise du Coin-de-Mire où cette variété vit encore, un lieu tristement unique…
Le récent incendie de l’île-aux-Bénitiers est venu nous rappeler l’urgence d’une restauration écologique et d’une protection renforcée des îlots du pays, dont les écosystèmes subissent diverses formes de pression défavorables.
Sur ses 76 ha de superficie, le Coin-de-Mire porte quant à lui un écosystème dominé par quarante-huit espèces exotiques, qui prennent le pas sur les vingt-quatre endémiques restantes, toutes recensées en 1994 par Ehsan Dulloo. Il y existe encore quelques espèces indigènes survivantes en effectifs relativement faibles mais tout à fait intéressantes pour le botaniste comme la population la plus large de Lomatopphyllum tormentorii, une sorte d’aloès endémique des îlots du Nord. Des oiseaux tropicaux et des reptiles endémiques y vivent et l’éradication du surmulot, du lièvre à cou noir et des lapins domestiques dans les années quatre-vingt dix en ont considérablement rehaussé le potentiel de conservation.
Lorsqu’ils ont mené une étude de la biodiversité en 2003 dans le cadre du projet de classement des îlots comme parc national, Vincent Florens et Claudia Baider y ont quant à eux trouvé soixante-dix-sept espèces végétales. Parmi elles, se trouvait la Cynanchum scopulosum, dont douze spécimens s’entremêlaient sur les falaises escarpées. Cette plante venait alors s’ajouter à deux autres Cynanchum endémiques de Maurice (voir ci-contre).
Cette petite colonie s’étend sur quarante mètres de large et trente de haut, sa densité variant en fonction des autres plantes indigènes qui aime le même milieu, tels la Lomatophyllum tormentorii citée plus haut, plus rarement avec le latanier bleu Latania loddigesi, ou encore le Dicliptera falcata, et parmi les plantes moinq rares : le Tylophora coriacea qui appartient à la même famille que les Cynanchum, ou encore le veloutier vert (Scaevola taccada).
L’ennemie en présence est notamment l’Heteropogon contortus, cette herbe exotique particulièrement inflammable qui pousse en milieu très sec et se régénère très facilement après un incendie… D’autres « mauvaises herbes » tels que le Flacourtia indica (Salicaceae) et l’Opuntia vulgaris (Cactaceae) poussent aussi abondamment dans d’autres parties de l’îlot.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -